mardi, 13 mars 2007
Maud Fontenoy, retour à terre en vue
Maud Fontenoy est sur le point de terminer son périple à contre courant et devrait atteindre l'île de la Réunion au plus tard après-demain jeudi 15 mars 2007 sous gréement de fortune. Tous vos journaux, toutes les radios (françaises) vont abondamment parler de cet "exploit" (1). Liens de Mer vous propose de porter votre regard un peu au delà de la joie des retrouvailles : "un tour du monde et après ?".
Sur le plan personnel
Hors mis le traumatisme d'être assaillie par la foule et d'expérimenter dans sa chair la violence de notre quotidien de terrien, émotions auxquelles vont se mêler les joies de retrouver ses proches et le (re)confort de la vie moderne (douche, fruits frais ...); Maud va subir les contre coups de ses 5 mois passés en mer :
- Maud a de fortes chances de tomber malade (en mer il n'y a pas d'exposition aux microbes). En plus avec la pression qui retombe, le corps, soumis à rude épreuve, se manifeste plus que jamais
- Maud va conserver un rythme de sommeil perturbé (un rythme pas adapté à la vie à terre avec un réveil toutes les 2 heures, compter 15 jours voire un mois pour revenir à un sommeil normal constitué d'une nuit pour 24 heures)
- Direction l'hôpital, Maud va passer sur le billard pour re-casser son pouce afin qu'il se soude correctement (il s'est ressoudé de travers en mer et cette opération lui permettra de retrouver une mobilité pour ce doigt, mobilité aujourd'hui perdue)
- Repos (trouvera t'elle le temps ?) car moins d'activités physiques c'est le seul remède efficace pour se remettre, enfin, de ses tendinites.
Ici commence le "road show"
Maud a pour les mois à venir un programme qui n'a rien à envier à celui d'un candidat en campagne électorale à la présidence de la République Française.
- court terme : de très nombreuses sollicitations médiatiques post arrivée
- moyen terme : en juillet-août, Maud sera à bord de l'Oréal (rapatrié en cargo et remâté) pour un tour de France avec son sponsor. Elle naviguera en équipage de port en port pour donner des conférences et emmener les gens naviguer sur son bateau
- long terme : réaliser un film du projet avec les très nombreuses images prises à bord, écrire un livre, et encore et toujours donner les fameuses conférences - débats - rente comme tout grand aventurier qui se respecte (2) ... Une activité lucrative à destination des entreprises du CAC 40 toujours à l'affût de "grands témoins" pour distiller le rêve et l'aventure à leurs collaborateurs, ou motiver leurs réseaux de distributeurs.
Bienvenue à terre Maud ...
___
Notes
(1) pour les septiques je rappelle que seulement 5 hommes ont réalisé une circumnavigation à la voile à contre-courant (dont le dernier en date n'est autre que Jean-Luc Van Den Heede à bord d'Adrien devenu depuis l'Oréal Paris) ... et 1 seule et unique femme l'anglaise Denise (dite Dee) Caffari. Maud est le 7ième être humain à partir à la voile d'un endroit du globe pour y revenir, contre les vents même si contrairement à certains ou certaine, elle a fait un tour du monde un peu plus court évitant la descente puis la montée dans l'océan Atlantique.
(2) Maud rejoindra ainsi dans les listings des sociétés spécialisées en "intervention de personnalités" les Gérard d'Aboville, les frères Bourgnon, Emmanuel Coindre, Jean-Luc Van Den Heede ou Isabelle Autissier ... pour se limiter au monde maritime.
18:30 Publié dans 1. Regards sur la Mer | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Maud Fontenoy, voile, tour du monde, terre
mercredi, 07 mars 2007
Tof, un carnet de bord du meilleur cru
Dauphins : l'escadrille passe en vrilles
sous l'étrave.
Naviguer à la voile c'est aller à la rencontre
de la mer et de ses habitants.
[Photo perso prise lors d'une longue
glissade sous spi (voir les reflets rouges
dans le balcon), quelque part en mer
entre Antibes et le Cap Corse]
Pour les habitués du carnet de bord de Checkspire, comme pour les nouveaux arrivants ;-) voici le dernier épisode des aventures de Tof ... et croyez-moi c'est une excellente cuvée !
Avant les traditionnels extraits, dissipons tout de suite les doutes : "le vieux con" dont il est question en introduction, ce n'est pas moi, ni aucun des lecteurs de Liens de Mer d'ailleurs même si effectivement "on en re-demande". Par contre sur l'eau, ou plutôt au port, on en croise des cons et pas seulement des vieux dans le genre casque à pointe ... Heureusement aux déconvenues succèdent des moments de bonheurs absolus :
"Aussitôt, les dauphins changent de cap et nous rejoignent. Cette fois-ci, c’est un festival, il en vient de tous les côtés. Avec Ado, on hurle chacun sur un bord persuadés qu’il y en a davantage de notre côté, que l’autre n’a pas eu droit à ce saut, à cette vrille. Impossible de les compter, Ado penche pour une quarantaine, moi je dirais qu’ils étaient des centaines de douzaines. En tous cas, on est certains de ne jamais en avoir vu autant jouer avec Chekspire dans les vagues."
Aller encore un mot avant de laisser courir la plume de Tof. J'ai comme le sentiment que sur Checkspire la routine guète et que ce livre de bord parmi ses nombreux effets bénéfiques permet de combattre cette chimère qui fait ressembler chaque jour à son précédent. Autre impression à la lecture de cet épisode : ce carnet de bord se bonifie en s'enrichissant de rencontres, d'amour ... comme la vie. Et l'arrivée de la petite famille à bord, même si elle impose un rythme de navigation revu à la baisse, n'est pas étrangère au retour de l'Inspiration.
"Pour nous, retour à la Gomera. C’est curieux comme à chaque fois qu’on est seuls on a mer et vent plus qu’il n’en faut, alors que quand on voyage avec les copains, c’est moteur. Deux heures entre huit et dix nœuds, par le travers, c’est grisant. Jouer à cache cache avec les déferlantes, glisser d’une crête à l’autre, quand le bateau porte juste ce qu’il faut de voile, c’est comme au bal, sans la marquisette. La mer, elle a toujours une nouvelle robe pour t’emmener danser. A peine t’as chopé le pas qu’elle en chausse une autre. En ce qui nous concerne, juste après le coucher de soleil, on s’est retrouvés à longer un peu de caillou jusqu’au port. Notre danseuse portait pour l’occasion une robe très courte : ‘Remous et Ressac’ "
Embarquez dans ce carnet de bord, vous y trouverez ces petits tout, ces petits rien qui font le propre de la croisière (grande ou petite). "Un je ne sais quoi" que Tof, cet admirable conteur, résume très bien.
"Une soirée en mer, c’est comme une cuite, sur le coup tu te dis que c’est bien la dernière. Une fois dessaoulés, appuyé au zinc odorant d’un port grinçant, t’as qu’une envie c’est de recommencer."
L'épisode 6, toujours avec son sympatique teaser en haut à droite (tiendrez-vous jusqu'à la prochaine édition ?), est à lire en intégralité ici.
Bonne dégustation.
13:00 Publié dans 3. Tof : découverte de la grande croisière | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : croisière, voile, voilier, dauphins
vendredi, 02 mars 2007
La mer impose une vigilance de tous les instants
Les skippers sur le point de gagner des courses à la voile, lorsqu'ils sont interrogés par les journalistes peu de temps avant leur arrivée le répètent à foison "non, rien n'est fait, tout peut arriver tant que la ligne n'est pas franchi".
Les exemples sont effectivement nombreux de "courses gagnées" qui se terminent mal. Le cas le plus célèbre étant certainement le chavirage survenu à Stève Ravussin lors de la Route du Rhum 2002. Après avoir échappé à l'hécatombe, Stève avait une confortable avance sur ses poursuivants mais à une journée de l'arrivée et de la victoire tant promise, le trimaran de Stève avait chaviré emporté par son gennaker.
La fortune de mer de Stève est édifiante "J'avais moins de 15 noeuds de vent, j'étais sous gennaker et un ris, lorsque je suis allé me reposer" ... elle nous rappelle qu'en mer rien n'est jamais gagné d'avance, que la vigilance du marin, fut-il fatigué, ne doit pas retomber avant l'arrivée au port même et surtout lorsque les éléments semblent favorables. L'actualité maritime se charge elle aussi régulièrement de nous rappeler cette cruelle vérité. Voici 3 exemples récents valables dans 3 activités nautiques différentes : voile, kayak, aviron.
La médiatique Maud Fontenoy, alors qu'elle venait de passer le dernier des 3 caps de son (petit ?) tour du monde à l'envers, qu'enfin elle retrouvait le soleil tant chéri et que des vents portants s'annonçaient ... patatras Maud prend son mât sur la tête !
Plus cruelle encore est la fin d'Andrew McAuley, un aventurier qui traversait en kayak la mer de Tasmanie (1600 km entre la Nouvelle Zélande et la Tasmanie) et qui au dernier jour de sa traversée d'un mois a vraisemblablement commis l'erreur, devant la clémence des éléments ... de se reposer sans "fermer" son kayak. La kayak a été retrouvé vide. Un court reportage en anglais, illustré d'images poignantes (on y voit le capot qui aurait coûté la vie à Andrew) est visible ici. [via lekayaketlamer.com]
Et je n'oublie pas dans ce tableau la mésaventure survenue à Emmanuel Coindre, grand favori de la course Rames Guyane, large leader depuis le départ, jusqu'au moment où par excès de confiance, il ramait avec les capots de ses cabines ouverts ... une vague plus grosse que les autres le fait chavirer. Le bateau se rempli d'eau et devient impossible à retourner alors que c'est une opération qu'Emmanuel avait réalisé à 17 reprises dans une précédente traversée (le Pacifique Nord à l'aviron en 2005), sur une autre embarcation il est vrai. Emmanuel doit se résoudre à appeler les secours et sera récupéré par un navire de la marine nationale.
Voilà des exemples récents, d'aventuriers, de marins expérimentés dans 3 domaines distincts, qui se sont fait surprendre par la mer, relâchant leur attention alors que le port, la ligne d'arrivée, la victoire était juste là en vue ... à portée de main. La mer reste un milieu "contre-nature" pour l'être humain, sur l'eau la vigilance est de mise, c'est un état d'esprit permanent, pour le coup c'est la seconde nature du marin. En mer plus qu'ailleurs prudence est mère de vertu. La pression ne devant retomber qu'une fois amarré au port ... le temps de laisser monter une autre pression cette fois, celle qui est le plus souvent dorée avec des bulles ...
13:30 Publié dans 1. Regards sur la Mer | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : mer, voile, danger, actualité maritime, sports nautiques
mercredi, 21 février 2007
La magie d'un tour du monde à la voile en 2 photos
Voici 2 photos envoyées par Kojiro Shiraishi à bord de Spirit of Yukoh. Le japonais est engagé dans la course à la voile autour du monde en solitaire Velux 5 Oceans.
L'Océan Pacifique sous son meilleur jour ... si, si !
Là-bas le ciel peut être plombé pendant des semaines ... et la mer gris métal
Pétole sur soleil couchant après le passage du Cap Horn
Ce que j'adore dans ces 2 photos en dehors de leurs qualités intrinsèques c'est le contraste qu'elles forment (surtout qu'elles sont à peine séparées d'une semaine) ! En mer comme à terre le pire alterne avec le meilleur. Bien sûr l'échelle de valeur n'est pas identique pour tout le monde : la pétole en course à la voile c'est ce qu'il y a de pire à vivre, le marin étant réduit à l'impuissance !
Pour en revenir au photographe Kojiro Shiraishi, il m'impressionne ce japonais plus encore que le cavalier seul du suisse Bernard Stamm qui survole l'évènement. En dehors de son histoire (allez voir ici) Kojiro a une approche originale de la compétition, un mixte de performance (il a racheté le voilier Temenos de Dominique Wavre, un excellent choix !), de sens marin (avec Bernard Stamm c'est le seul rescapé de la tempête du départ au large du Cap Finisterre) et une touche d'esprit Zen (humilité, contemplation) ... que ces 2 photos illustrent très bien.
Dommage que cette régate planétaire ne soit pas plus médiatisée en France. Même si la course a perdu de son attrait depuis les abandons des anglo-saxons Mike Golding et Alex Thomson, il est regrettable que la converture francophone de cet évènement soit aussi minimaliste (voir le site officiel !).
Bon pour effacer ce petit goût amer de votre bouche, allez vous rincer l'oeil avec d'autres photos d'une beauté à couper le souffle, toujours signées Kojiro Shiraishi.
13:10 Publié dans 1. Regards sur la Mer | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : voilier, course au large, voile, photo, tour du monde
mardi, 13 février 2007
Des mots (maux ?) pour Maud de Meaux
Présentation du projet "A contre-courant" de Maud Fontenoy
Objectif
Réaliser un rêve : faire un tour du monde et naviguer dans les mers du Sud (ce qui est clairement impossible à la rame !).
Moyens
En marge du monde de la course au large, de ses compétitions et de ses records; faire un tour du monde à la voile en solitaire sur un trajet original (Réunion-Réunion) et avec un voilier taillé sur-mesure par son ex-propriétaire (VDH) pour aller contre les vents.
Discours
- Pour les enfants : une maxime "valoriser le goût de l'effort" doublée d'un programme pédagogique.
- Pour les grands : l'exemplarité de son défi "rien n'est impossible"
- Pour tous : "prenons soin de notre planète".
Le regard de Liens de Mer
Etonnant
Maud parle aux terriens, son aventure, à l'image de ses propos sans une once de vocabulaire nautique, ne s'adresse pas aux marins. Autre indice : l'absence de suivi cartographique ou de prévisions météo, 2 informations pourtant indispensables à un public de gens de mer pour vivre au plus près l'aventure d'un navigateur.
Conséquence ?
Les commentaires acerbes de certains voileux 'purs jus'.
Agaçant
Le poids de la sur-médiatisation et les vacations devenues quotidiennes depuis son démâtage, un "direct live" dérangeant depuis l'Océan Indien.
Epatant
Les souffrances physiques qu'elle endure : doigt cassé, tendinites pour cause de bateau démesuré pour son gabarit, tempêtes, ...
Un avenir ... inquiétant ?
Et si un cyclone, c'est la saison dans l'Océan Indien, se mettait sur la route de Maud ? Maintenant qu'elle va aller moins vite avec son gréement de fortune, les risques augmentent. Ce serait le pompon !
00:05 Publié dans 1. Regards sur la Mer | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : voile, solitaire, tour du monde