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vendredi, 02 mars 2007

La mer impose une vigilance de tous les instants


A l'horizon, la mer à perte de vue ?
Une attention de tous les instants !

Les skippers sur le point de gagner des courses à la voile, lorsqu'ils sont interrogés par les journalistes peu de temps avant leur arrivée le répètent à foison "non, rien n'est fait, tout peut arriver tant que la ligne n'est pas franchi".

Les exemples sont effectivement nombreux de "courses gagnées" qui se terminent mal. Le cas le plus célèbre étant certainement le chavirage survenu à Stève Ravussin lors de la Route du Rhum 2002. Après avoir échappé à l'hécatombe, Stève avait une confortable avance sur ses poursuivants mais à une journée de l'arrivée et de la victoire tant promise, le trimaran de Stève avait chaviré emporté par son gennaker.


La fortune de mer de Stève est édifiante "J'avais moins de 15 noeuds de vent, j'étais sous gennaker et un ris, lorsque je suis allé me reposer" ... elle nous rappelle qu'en mer rien n'est jamais gagné d'avance, que la vigilance du marin, fut-il fatigué, ne doit pas retomber avant l'arrivée au port même et surtout lorsque les éléments semblent favorables. L'actualité maritime se charge elle aussi régulièrement de nous rappeler cette cruelle vérité. Voici 3 exemples récents valables dans 3 activités nautiques différentes : voile, kayak, aviron.

 

La médiatique Maud Fontenoy, alors qu'elle venait de passer le dernier des 3 caps de son (petit ?) tour du monde à l'envers, qu'enfin elle retrouvait le soleil tant chéri et que des vents portants s'annonçaient ... patatras Maud prend son mât sur la tête !

Plus cruelle encore est la fin d'Andrew McAuley, un aventurier qui traversait en kayak la mer de Tasmanie (1600 km entre la Nouvelle Zélande et la Tasmanie) et qui au dernier jour de sa traversée d'un mois a vraisemblablement commis l'erreur, devant la clémence des éléments ... de se reposer sans "fermer" son kayak. La kayak a été retrouvé vide. Un court reportage en anglais, illustré d'images poignantes (on y voit le capot qui aurait coûté la vie à Andrew) est visible ici. [via lekayaketlamer.com]

Et je n'oublie pas dans ce tableau la mésaventure survenue à Emmanuel Coindre, grand favori de la course Rames Guyane, large leader depuis le départ, jusqu'au moment où par excès de confiance, il ramait avec les capots de ses cabines ouverts ... une vague plus grosse que les autres le fait chavirer. Le bateau se rempli d'eau et devient impossible à retourner alors que c'est une opération qu'Emmanuel avait réalisé à 17 reprises dans une précédente traversée (le Pacifique Nord à l'aviron en 2005), sur une autre embarcation il est vrai. Emmanuel doit se résoudre à appeler les secours et sera récupéré par un navire de la marine nationale.

 

Voilà des exemples récents, d'aventuriers, de marins expérimentés dans 3 domaines distincts, qui se sont fait surprendre par la mer, relâchant leur attention alors que le port, la ligne d'arrivée, la victoire était juste là en vue ... à portée de main. La mer reste un milieu "contre-nature" pour l'être humain, sur l'eau la vigilance est de mise, c'est un état d'esprit permanent, pour le coup c'est la seconde nature du marin. En mer plus qu'ailleurs prudence est mère de vertu. La pression ne devant retomber qu'une fois amarré au port ... le temps de laisser monter une autre pression cette fois, celle qui est le plus souvent dorée avec des bulles ...