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jeudi, 13 décembre 2007

Fortune de mer : avantage outrigger

La flotte IMOCA; répartie sur 2 courses : la Transat B to B et la Barcelona World Race; a souffert ces derniers jours. Parmi les nombreuses avaries, deux ont particulièrement attirées mon attention, il s'agit des démâtages d'Armel Le Cléac’h et de celui de Jérémie Beyou/Sidney Gavignet.

D'un côté Armel, seul, a réussi à confectionner un gréement de fortune qui «présente bien» avec l’un de ses outriggers(1) rescapé (l'autre outrigger comme le mât est parti au fond).

De l'autre côté Jérémie Beyou et Sidney Gavignet sont tout juste arrivés à gréer leur tourmentin entre les deux dérives de leur monocoque obtenant un gréement de fortune à faible capacité propulsive.



En photo la comparaison est saisissante


Armel : un gréement de fortune qui a de l'allure ...
efficace et sûr (noter l'installation de l'écho radar)
Image reproduite AVEC l'autorisation de Windward.fr

 


Jérémie et Sidney : quand il ne reste plus rien ...
un gréement de fortune minimaliste
Image reproduite SANS l'autorisation de Pipof.com ;-)

 

Paradoxe
Pour la sécurité des courses au large le gréement thonier (appelé ainsi en référence à l'ancien mode de pêche à la bretonne ... loin des modernes thoniers seneurs et de leurs grands filets tirés à grands renforts de dérivés du pétrole) représente un avantage certain et augmente, en cas de démâtage, les chances de rentrer à la maison au port par ses propres moyens.

C'est amusant de constater qu'un choix effectué pour la performance (les outrigger permettent d'obtenir des mâts pivotants) s'avère au bout du compte être aussi un bon choix ... pour la sécurité des marins. De là à les rendre obligatoires pour les courses au large ... il n'y a qu'un pas que personne, à part moi-même dans mes élucubrations les plus délirantes, n'oserait franchir !

 

Note
(1) on pourrait traduire en français le mot outrigger par "raidisseur extérieur de haubans". Ah la poésie de la langue française comparée à l'efficacité de la langue anglaise ! En voile côté "business" la francophonie n'est pas prête de gagner du terrain ... Mais côté coeur reconnaissons que cela a un charme terrible d'utiliser un tel terme chargé d'histoire et de poésie.

mercredi, 21 février 2007

La magie d'un tour du monde à la voile en 2 photos

 

Voici 2 photos envoyées par Kojiro Shiraishi à bord de Spirit of Yukoh. Le japonais est engagé dans la course à la voile autour du monde en solitaire Velux 5 Oceans.

 


L'Océan Pacifique sous son meilleur jour ... si, si !
Là-bas le ciel peut être plombé pendant des semaines ... et la mer gris métal




Pétole sur soleil couchant après le passage du Cap Horn


Ce que j'adore dans ces 2 photos en dehors de leurs qualités intrinsèques c'est le contraste qu'elles forment (surtout qu'elles sont à peine séparées d'une semaine) ! En mer comme à terre le pire alterne avec le meilleur. Bien sûr l'échelle de valeur n'est pas identique pour tout le monde : la pétole en course à la voile c'est ce qu'il y a de pire à vivre, le marin étant réduit à l'impuissance !

 

Pour en revenir au photographe Kojiro Shiraishi, il m'impressionne ce japonais plus encore que le cavalier seul du suisse Bernard Stamm qui survole l'évènement. En dehors de son histoire (allez voir ici) Kojiro a une approche originale de la compétition, un mixte de performance (il a racheté le voilier Temenos de Dominique Wavre, un excellent choix !), de sens marin (avec Bernard Stamm c'est le seul rescapé de la tempête du départ au large du Cap Finisterre) et une touche d'esprit Zen (humilité, contemplation) ... que ces 2 photos illustrent très bien.

 

Dommage que cette régate planétaire ne soit pas plus médiatisée en France. Même si la course a perdu de son attrait depuis les abandons des anglo-saxons Mike Golding et Alex Thomson, il est regrettable que la converture francophone de cet évènement soit aussi minimaliste (voir le site officiel !).

 

Bon pour effacer ce petit goût amer de votre bouche, allez vous rincer l'oeil avec d'autres photos d'une beauté à couper le souffle, toujours signées Kojiro Shiraishi.

 

samedi, 03 février 2007

Voiliers de course, des protos à l'équipement unique


Jean-Pierre Dick et son nouvel "appendice"
En mer cela signifie : des manoeuvres
supplémentaires pour le solitaire

Jean-Pierre Dick vient de mettre à l'eau son nouveau voilier (60 pieds open IMOCA) bourré d'innovations dont certaines, en particulier à l'intérieur, sont encore tenues secrètes. D'autres innovations sont plus difficiles à cacher comme les flaps orientables sous la voûte arrière (voir photo ci-contre).


Si ce système fait ses preuves, les bateaux à voile de compétition s'enrichiront d'un nouveau type de manoeuvre. Voici un petit inventaire des parties mobiles qu'on ne trouve que sur les voiliers de course au large, plutôt tendance monocoque. De nombreux mécanismes à régler en permanence une fois en mer, bonjour le boulot pour un solitaire !


- les ballasts (réservoirs d'eau)
- la quille pendulaire (qui s'incline au vent pour limiter la gite)
- le mat aile qu'il convient de faire pivoter sur son axe vertical pour affiner le bord d'attaque de la grand-voile (sur certains bateaux comme les trimarans, aussi menés en solo, on peut, en plus de jouer sur le profile, incliner le mat sur les côtés pour augmenter la surface de voile exposée au vent)
- les dérives, souvent au nombre de 2 pour éviter de "glisser" latéralement sur l'eau sous la pression d'un vent de côté (là aussi sur certains bateaux il y a du taf en plus pour un solitaire : les trimarans par exemple possèdent des foils qui se terminent par un volet orientable)
- les safrans (même sur les monocoques les doubles safrans sont devenus un classique pour améliorer le contrôle à la gite, et pour diminuer la traînée il faut remonter le safran qui ne travaille pas ou moins; comme sur un bon vieux catamaran de sport par petit temps)
- à ces manoeuvres s'ajoutent des petits détails de gréement qui sont le propre des voiliers de compétition (du relativement récent comme le hook pour réduire la compression sur le mat, au plus ancien comme le Cunningham qui est loin d'équiper tous les voiliers de croisière, en passant entre autres par les délicats haubans mobiles que sont les bastaques)
- et cette liste de parties mobiles à régler sur un voilier de compétition n'est pas exhaustive, on peut ajouter pour certains d'entre eux les bouts dehors articulés (comme sur les mini 6,50) ou encore le nouveau dispositif (flap, trim ?) inventé sur Virbac-Paprec, sachant que certains équipements existant n'ont pas encore été portés sur les voiliers manoeuvrés en solitaire (safran canard comme sur les maxi monocoques, chariot de voile d'avant réglable latéralement comme sur les Class America ...).

 

Au regard de cette liste, on comprend mieux pourquoi les voiliers de compétition possèdent une image "d'usines à gaz" auprès des plaisanciers. Le grand public lui ignore tout de ces très nombreuses subtilités : les machines lui sont étrangères, il n'a d'yeux que pour les marins.

Revenons sur l'eau ! Et dire que certains voiliers équipés de tous ces bazars sont manoeuvrés par un homme seul, autour du monde et sans escale : quelle débauche de manoeuvres et de réglages pour un solitaire ... mais la victoire est à ce prix !


D'ailleurs ce n'est pas tout d'être hyper actif et d'avoir de gros bras encore faut-il avoir la tête bien faite pour "inventer la vie qui va avec" tous ces équipements nautiques. A ce propos j'ai une pensée émue pour Jean-Pierre Dick qui, avec son équipe, a un peu de boulot sur la planche (à dessin) et sur l'eau pour trouver le mode d'emploi d'une innovation pareille !