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samedi, 21 juillet 2007

Gardiens de phare, les derniers des mohicans


Le phare : une machine à rêves !

On n'arrête pas le progrès à terre comme en mer et depuis plusieurs années les gardiens quittent les phares (même les plus mythiques comme le phare d'Ar Men posé sur le dernier caillou, celui le plus à l'ouest de France, au bout de la chaussée de Sein) pour laisser place à « l'automatisation ».



Néanmoins en 2007 il demeure 20 édifices français qui, sous leur lumière rassurante pour les marins, abritent encore une présence humaine. Ce qui représente 40 gardiens de phare toujours en activité pour la métropole. Comme pour les anchois: le gardien de phare est une espèce menacée mais par encore totalement éteinte (voir aussi le message du WWF ci-contre concernant la biodiversité) !



Parmi ces 20 phares « vivants », voici la liste des 7 derniers phares habités et posés sur des îles :
 le phare de l’île Vierge
 celui de l’île de Sein
 celui de Chausey, en Manche
 celui des Sept-Iles sur l’île aux Moines
 le phare de Pen Men sur l’île de Groix
 le phare de la Pointe des dames sur l’île de Noirmoutier
 et celui de Cordouan en Gironde, qui est le dernier phare « en mer » avec un gardien [les autres phares listés ci-dessus sont situés sur des îles : une simple différence de taille du caillou].



Ce qui fait que ces phares restent habités ?
Souvent leur dimension touristique, savant dosage d'éloignement pour l’aventure mais pas trop pour les rotations de navettes … la plupart de ces phares étant ouverts aux visiteurs l'été. Le gardien de phare n'est donc plus si solitaire, du moins à la belle saison !

 


Phare : "avant le naufrage,
les rats quittent le navire "

Les phares illustrent les évolutions de notre société
Si l’existence des phares ne se justifie plus autant par leur utilité maritime, ils restent néanmoins allumés pour quelques temps encore mais pas de doute possible : les systèmes de navigation moderne auront raison de leurs lanternes et les feront disparaître tous. Ça fait drôle d’imaginer qu’un jour les plaisanciers passeront à côté de bâtiments fantômes parfois construits au péril de leurs vies par des hommes pour sauver d’autres hommes des dangers de la mer, … comme l'on passe aujourd'hui sur le chemin de nos vacances d'été à proximité de ruines de châteaux autrefois lieu d'ultime refuge, citadelles vitales, elles aussi devenues fantômes dont il ne subsiste outre la mémoire que quelques pans de murs ... les temps changent.


Nous n’en sommes pas encore là, les phares ne sont pas en train de s’éteindre mais de se vider de toute présence humaine. Et si de nos jours de très rares phares restent encore habités il faut être conscient qu'on le doit (temporairement ?) à un nouveau mode de vie : la fameuse et ici incontestable « société de loisirs ».

 

vendredi, 16 mars 2007

Question / réponse sur le tour du monde à la voile de Maud Fontenoy


Pour Maud l'adversité est aussi à terre

Revenons sur l'arrivée de Maud Fontenoy et à travers un jeu de 3 questions simples, jetons un regard éclairé sur son projet "à contre courant".

 


Maud a t'elle fait le tour du monde ?
Oui et non.

Oui, Maud Fontenoy est parti d'un point du globe et elle y est revenue en faisant toujours cap à l'Ouest, traversant tous les méridiens. Pour le commun des mortels Maud a effectué un tour du monde.

Non, un tour du monde à la voile ne peut être comptabilisé par le WSSRC (World Sailing Speed Record Council) que si il remplit un certain nombre de critères dont 2 ne sont pas satisfaits par le périple de Maud (voir la règle 26.a). Maud n'a en effet pas traversé l'équateur et n'a pas non plus parcourue la distance minimale de 21 600 miles nautiques sur une "route théorique" sans tenir compte des inévitables zigzags quand on navigue contre les vents. Maud a relevé à son "compteur" une distance de 21 300 miles, en comptant les bords (nombreux) et les marches arrières (heureusement plus rares).

 


Maud a t'elle accomplit une performance sportive ?
Non.

Maud vient de passer 151 jours en mer pour aller de la Réunion à la Réunion, là où Jean-Luc Van Den Heede avec le même bateau avait en 2003 réalisé un "vrai" tour du monde contre les vents avec départ et retour à Ouessant en moins de temps (seulement 122 jours 14 heures et 3 minutes). Maud ne s'est jamais présentée comme une professionnelle de la compétition à la voile et ne brigue pas un record, fut-il féminin. Certes son démâtage lui aura valu une petite perte de temps (qu'on peut estimer au plus à 3 semaines) mais sa modeste moyenne est surtout due à un rythme de croisière.

 


Maud a t'elle accompli un exploit ?
Oui.

C'est incontestable et c'est d'ailleurs assez irritant de voir fleurir des commentaires de puristes qui depuis leur clavier avancent des arguments fallacieux (je cite : « elle s'est traînée / elle n'a pas fait un "vrai" tour du monde / elle en fait trop côté communication avec son sponsor l'Oréal », j'ai par exemple entendu dire à certaines langues perfides qui heureusement ne manquent pas d'humour que "Maud effectuait un crash test pour les nouveaux produits de beauté de la gamme"), bref ces extrémistes de la chose maritime ne veulent pas reconnaître à Maud la valeur pourtant réelle de son exploit.

En tous cas en ce qui me concerne, j'applaudis des 2 mains l'aventure de Maud mais aussi la couverture multimédia remarquablement assurée par WindReport qui m'a permis de vibrer tous les jeudis à l'écoute de la vacation hebdomadaire de la miss et de prendre la pleine mesure de ce qu'elle a accompli.

vendredi, 02 mars 2007

La mer impose une vigilance de tous les instants


A l'horizon, la mer à perte de vue ?
Une attention de tous les instants !

Les skippers sur le point de gagner des courses à la voile, lorsqu'ils sont interrogés par les journalistes peu de temps avant leur arrivée le répètent à foison "non, rien n'est fait, tout peut arriver tant que la ligne n'est pas franchi".

Les exemples sont effectivement nombreux de "courses gagnées" qui se terminent mal. Le cas le plus célèbre étant certainement le chavirage survenu à Stève Ravussin lors de la Route du Rhum 2002. Après avoir échappé à l'hécatombe, Stève avait une confortable avance sur ses poursuivants mais à une journée de l'arrivée et de la victoire tant promise, le trimaran de Stève avait chaviré emporté par son gennaker.


La fortune de mer de Stève est édifiante "J'avais moins de 15 noeuds de vent, j'étais sous gennaker et un ris, lorsque je suis allé me reposer" ... elle nous rappelle qu'en mer rien n'est jamais gagné d'avance, que la vigilance du marin, fut-il fatigué, ne doit pas retomber avant l'arrivée au port même et surtout lorsque les éléments semblent favorables. L'actualité maritime se charge elle aussi régulièrement de nous rappeler cette cruelle vérité. Voici 3 exemples récents valables dans 3 activités nautiques différentes : voile, kayak, aviron.

 

La médiatique Maud Fontenoy, alors qu'elle venait de passer le dernier des 3 caps de son (petit ?) tour du monde à l'envers, qu'enfin elle retrouvait le soleil tant chéri et que des vents portants s'annonçaient ... patatras Maud prend son mât sur la tête !

Plus cruelle encore est la fin d'Andrew McAuley, un aventurier qui traversait en kayak la mer de Tasmanie (1600 km entre la Nouvelle Zélande et la Tasmanie) et qui au dernier jour de sa traversée d'un mois a vraisemblablement commis l'erreur, devant la clémence des éléments ... de se reposer sans "fermer" son kayak. La kayak a été retrouvé vide. Un court reportage en anglais, illustré d'images poignantes (on y voit le capot qui aurait coûté la vie à Andrew) est visible ici. [via lekayaketlamer.com]

Et je n'oublie pas dans ce tableau la mésaventure survenue à Emmanuel Coindre, grand favori de la course Rames Guyane, large leader depuis le départ, jusqu'au moment où par excès de confiance, il ramait avec les capots de ses cabines ouverts ... une vague plus grosse que les autres le fait chavirer. Le bateau se rempli d'eau et devient impossible à retourner alors que c'est une opération qu'Emmanuel avait réalisé à 17 reprises dans une précédente traversée (le Pacifique Nord à l'aviron en 2005), sur une autre embarcation il est vrai. Emmanuel doit se résoudre à appeler les secours et sera récupéré par un navire de la marine nationale.

 

Voilà des exemples récents, d'aventuriers, de marins expérimentés dans 3 domaines distincts, qui se sont fait surprendre par la mer, relâchant leur attention alors que le port, la ligne d'arrivée, la victoire était juste là en vue ... à portée de main. La mer reste un milieu "contre-nature" pour l'être humain, sur l'eau la vigilance est de mise, c'est un état d'esprit permanent, pour le coup c'est la seconde nature du marin. En mer plus qu'ailleurs prudence est mère de vertu. La pression ne devant retomber qu'une fois amarré au port ... le temps de laisser monter une autre pression cette fois, celle qui est le plus souvent dorée avec des bulles ...

 

mardi, 09 janvier 2007

Rames Guyane ... leçons de mer


Navire usine

Pour ceux qui fréquentent un peu la mer, voici quelques enseignements à tirer de "l'aventure" Rames Guyane, cette traversée de l'Atlantique à la rame en solo; une course peu médiatisée mais qu'il était possible de suivre grâce au net (sur RFI, sur sailingnews.tv ou encore sur les sites Internet des concurrents).

 

La pression (pas celle que les marins boivent au bar !)

La pression au départ (1) a bien faillit transformer cette grande première et belle aventure en une tragédie avant même la première 1/2 journée avec un passage en force de la barre de Saint-Louis du Sénégal (vent du large +  houle "résiduelle" contre 4 noeuds de courant = grosse barre, les pêcheurs locaux ne s'y serraient pas risqué !). Les organisateurs ont été à 2 doigts de re-tenter le diable mais ont finalement sagement renoncés à une arrivée sur les plages de Guyane frangées de leurs gros rouleaux privilégiant une arrivée plus conventionnelle, au port.

Leçon n°1 : la mer possède ses raisons que les obligations que les humains se créent ont trop souvent tendance à ignorer.

 

La chute du grand favori

Emmanuel Coindre donné grand favoris au départ, confortable leader jusqu'au moment où ... par excès de confiance ? (plusieurs records à la rame à son actif), une vague plus grosse que les autres a entraîné son chavirage. Ses panneaux de pont étaient ouverts, le bateau s'est rempli : impossible de redresser le frêle esquif.

Leçon n°2 : en mer l'expérience est un faux ami. Pour tous les marins, débutants comme confirmés, sur l'eau la prudence est mère de toutes les vertus.

 

Etat de la mer

Romain Verger, brillant vainqueur grâce à une option par le sud aidé de ses routeurs, a rencontré lors de son parcours au ras de l'eau et au pas du marcheur :

. sur le plateau continental africain : des milliers de poissons morts rejettés par les bateaux de pêche industrielle (2)

. au beau milieu de l'Atlantique : un pare-chocs de voiture flottant à la surface de l'océan

. s'est fait très peur à plusieurs reprises en route de collision avec des cargos lancés à 25 noeuds qui manifestement n'effectuaient pas de veille radar (certain navigant même radar éteint puisque l'active écho de Romain, pourtant en parfait état de marche, n'a détecté aucun radar en fonctionnement à proximité !).

Leçon n°3 : 1. la mer se transforme en immense poubelle et 2. l'homme est parfois le pire danger pour l'homme.

 

Une prise de conscience de ces 2 dernières affirmations serait salutaire pour que, à l'échelle de notre petite planète terre, nous ne devenions pas nos propres fossoyeurs.

 

___ 

(1) un peu de présence des officiels -les huiles sont venues exprès et sont là aujourd'hui seulement !-, la fierté de l'organisation -"on tient nos engagements"-, ajoutez l'impatience d’y aller des concurrents et vous obtenez un savant mélange nommé pression … à déguster chaud.

 

(2) phrase "politiquement correcte" : c'est le bateau qui pêche et rejette à la mer des milliers de poissons morts et en aucun cas les êtres humains qui sont à son bord ! Imaginez les dégâts collatéraux que peut causer un chalutier géant comme l'Atlantic Dawn qui a une capacité de capture de l'ordre de 350 à 400 tonnes de poisson / jour (144m de long servi par un équipage de 61 personnes) : il pêche tout mais il ne "transforme" que certaines espèces ...

mardi, 19 décembre 2006

La photo de mer de la semaine


les Sables d'Olonne, 5 novembre 2006
[Photo : Michel Louvel]

Nautilus est un excellent magazine maritime tendance nature, sciences et environnement dont le rédacteur en chef (et l'unique journaliste !) est Christophe Agnus.

 

Pour faire connaître son magazine qui n'est disponible que sur Internet (ou en kiosque pour les rares et heureux habitants de l'Ouest de la France), Christophe a décidé d'offrir gratuitement et à qui le veut tous les lundis, une photo de mer pour "bien commencer la semaine".

 

Je me suis abonné à cette "newsletter", parmi d'autres, il y a quelques temps ... et j'avoue le plus souvent la regarder distraitement cette photo de mer hebdomadaire, elle qui arrive mélangée au flot de messages qui m'assaillent quotidiennement. Mais lundi dernier cette photo (la 66ième quand même !) a pris un goût particulier car comme les lecteurs assidus de Liens de Mer le savent j'étais il y a peu encore sur l'eau pour 15 jours d'une belle parenthèse du côté de l'archipel des îles Canaries (d'ailleurs le carnet de bord de Tof relatant cet épisode est pour bientôt) et de retour à terre ... la mer me manque cruellement. Tombant à point nommé, cette photo de mer m'a fait un bien énorme en me permettant quelques instants de m'évader.

 

« Une seule photo et voilà que mes sens s'affolent, de ma mémoire encore toute fraîche surgissent couleurs et lumières de l'un des luxes de la plaisance sur l'eau : voir naître et disparaître le soleil dans la mer. »

 

Alors amoureux de la mer faites-vous plaisir ... inscrivez-vous, c'est par ici.

 

 

PS : Je ne garantis pas de coucher de soleil pour la photo de mer de la semaine prochaine ;-) ...

PPS : Qui sait ? J'envoi une ou 2 de mes photos de mer à Christophe Agnus, peut-être y trouvera t'il son bonheur pour une prochaine édition de sa newsletter. Chiche !?