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jeudi, 09 novembre 2006

Multicoques : les plus beaux des voiliers volent


Les trimarans sont vraiment de magnifiques voiliers, les images d'arrivée de cette Route du Rhum 2006 de Pascal Bidégorry ou d'Yvan Bourgnon, faisant le tour de l'île de la Guadeloupe en plein jour avec du vent, en témoignent. Mais finalement qu'ont-ils de si particulier ces voiliers à 3 coques ? Explication.



Le trimaran ? C'est le plus beau des bateaux !
(Ou la révolution des foils courbes)

Ce qui rend la navigation à voile spectaculaire, y compris pour le grand public et ce quelque soit le support comme dit la FFV, c'est une savante combinaison de vitesse (observer les sillages des voiliers de course est toujours un régal) et d'équilibre (composante présente sur tous les bateaux à voile : la pression du vent fait s'incliner le mat et par voie de conséquence la ou les coques).

 


Foncia : un voilier qui vole
appuyé sur son foil tribord, à bloc sous l'eau;
le foil babord lui est relevé, au repos

Jusqu'à il y a quelques années seuls les monocoques étaient en mesure de s'extraire significativement de l'eau : au surf l'avant du bateau déjauge et surplombe la vague limitant le frein que constitue la surface mouillée (en contact avec l'eau) [voir ici le plus beau surf de l'histoire de la voile lors du record de l'Atlantique Nord établit par Bernard Stamm à bord de Bobst Group - Armor Lux (construit de ses mains !), en september 2002, 10 jours et 10 heures en 2001, 8 jours et 20 heures de surf entre l'Amérique et l'Europe et en solitaire s'il vous plaît ! avec 3 équipiers, merci à PYL pour la relecture attentive].

 

Aujourd'hui grâce à l'invention des foils les trimarans modernes accèdent au centuple à cette nouvelle dimension car littéralement "ils volent" comme en témoignent de nombreux skippers à l'arrivée de cette Route du Rhum 2006 (on peut citer par exemple Lionel Lemonchois ou Thomas Coville) qui eux-mêmes n'en reviennent pas des sensations aériennes procurées par ces drôles d'engins à voile, ils ont volé même sans être poussés au cul par de grosses vagues !


La Route du Rhum 2006 est la consécration de cette innovation : la flotte ORMA a adopté les foils depuis quelques années, mais avec l'évolution récentes (environ 5 ans) vers des foils courbes, une invention de l'architecte naval Marc Lombard (*1) on atteint la perfection (*2). Pour vous convaincre de la beauté (en plus du gain obtenu en performance) allez voir cette vidéo : Lionel Lemonchois, vainqueur de cette Route du Rhum 2006, à l'entraînement le bateau cabré, juste appuyé sur ses safrans à l'arrière, ça dépote.

 


[Et en plus ces bateaux qui volent en solitaire comme en équipage sont une spécialité française ... cocorico ! Bon c'est vrai que cette dimension franco-française c'est aussi ce qui leur coupe un peu les ailes à ces voiliers volants ...]

 

Pour en revenir aux foils courbes reste à valider ce que cela donnera lorsqu'il s'agira de faire "décoller" de plus grands bateaux (Groupama 3 sera le premier trimaran géant à foils à aller se frotter aux mers du Sud). En tout cas ces voiliers cela faisant longtemps qu'on ne les avait pas vu autant voler ("à l'endroit" diront certaines mauvaises langues) que dans cette Route du Rhum à la météo clémente. C'est uniquement à l'occasion de ce grand évènement nautique qu'ils montent sur le devant de la scène et les superbes images qu'ils nous ont offert entre Saint Malo et Pointe-à-Pitre sont le meilleur plaidoyer qui soit pour faire renaître un vrai-grand circuit Multi avec des courses à raser la plage, des vedettes suiveuses au milieu du plan d'eau, des enchaînements de manoeuvres endiablés en équipage, des retransmissions télévisées ou sur le net ... allez je m'emporte ce n'est peut-être pas pour demain mais espérons qu'après-demain le spectacle aura bien lieu et que le public sera projeté au coeur de l'évènement.

En tout cas si les "décideurs" restent timorés et hésitent encore à s'engager à cause d'un manque d'adhésion du public ... ce ne sera pas de ma faute car à travers Liens de Mer je contribue, à ma mesure, à populariser la voile par de petits hommages aux trimarans mais pas seulement ceux de la Route du Rhum ;-).

 

 

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(*1) ayant remarqué que la proximité avec la surface de l’eau et que la sortie du foil au point le plus bas du flotteur augmentaient  le rendement des foils, Marc Lombard a eu l'idée géniale de passer du foil droit (une sorte de dérive inclinée vers l'intérieur du flotteur comme le sont encore les foils de l'Hydroptère) à des foils courbes !

(*2) ultime raffinement technique, les foils courbes se terminent par des "winglets" (petite excroissance semblable à celle présente aux extrémités de certaines ailes d'avions et qui permettent "d'attacher" les filets d'eau au profil évitant le phénomène honni de cavitation), détail que l'on devine ci-avant sous le flotteur babord de Foncia à contre jour sur la mer argentée ou encore ici foil en position basse mais intégralement hors de l'eau (le foil descendu sur le flotteur au vent est une configuration temporaire en navigation).

lundi, 23 octobre 2006

Nam sur le Figaro (*) ?


La nouvelle mode des voileux
en pantoufles derrière leur écran ?
"Tchater" avec leurs héros

Liens de mer c'est toujours soigneusement tenu à l'écart de l'autocélébration stérile ("et vous avez vu le nombre de visiteurs ? Génial ! Merci à tous ... en plus vous venez de toute la planète, trooop géniaaaaal" ou pire "et je vous l'avez bien dit : lire ici" avec un beau lien qui pointe vers soi-même ... difficile de faire plus nombriliste ...) mais lorsqu'on peut joindre l'autopromotion à l'information maritime, je fais exception.

 

Les nouvelles technologies permettent de dialoguer avec "nos héros" et comme le prophessait Andy Warhol elles permettent aussi à chacun de s'offrir "sa minute de célébrité". Sur le premier point Yann Eliès a répondu pendant 1 heure à un chat Live (un exercice qui va devenir d'un banal ... voir le programme pré-départ de la Route du Rhum sur sport24). Pour le second point figurez-vous que Ma ;-) question a été retenue (et reproduite in extenso faute d'orthographe comprise, ah l'émotion  ... c'est pas tous les jours qu'on peut  parler avec Yann Eliès !) et en plus Ma question et bien elle figure en premier dans la retranscription du chat paru dans le Figaro en ligne.

 

Mais revenons-en à la vraie info maritime :

- Yann donne un petit coup de griffe à la mode des records

Yann Eliès : Si tout le monde s'attaquait au même record, cela pourrait être cohérent. En fait on ne sait plus si les records ont une véritable valeur sportive. L'a pas sa langue dans sa poche le Yann !

 

- Il nous rappèle que la vie de marin pro n'est pas si facile "2/3 de l'année je ne suis pas à la maison ..." (et moi qui était absent de la maison 4 pauvres jours la semaine dernière et qui pour un peu m'apitoyais sur mon sort ...)

 

- Enfin Yann y va de son petit pronostic sur la prochaine Route du Rhum (son voilier étant en cours de construction, Yann sera un observateur avisé depuis la terre car parmi les partants IMOCA il y a nombre de ses futurs adversaires sur le Vendée Globe 2008). Yann Eliès : En monocoques, Jean Le Cam, Roland Jourdain, Vincent Riou. En multicoques, Lionel Lemonchois, Franck Cammas et Michel Desjoyeaux.

 

Revivez tout le chat ainsi que le portrait de Yann Eliès ici

 

 

(*) pour ceux qui débarquent :

Nam c'est moi ;-) (Nam signifiant : "Naviguer Avec Moi"). Et le titre de cet article est un clin d'oeil car je ne compte pas m'aligner sur la grande classique de l'été et courir en solo sur les monotypes Figaro ... par contre je compte bien partir prochainement retrouver Tof aux Canaries [Fin de la parenthèse perso].

vendredi, 06 octobre 2006

Plaisirs de mer


La mer, ça vous met ...
tous les sens à l'envers

Pour s'échapper de la grisaille de l'hiver qui approche à grands pas ... je vous propose une petite virée poétique au bord de l'eau dans la lignée des souvenirs de mer ... ah que c'était bon les vacances !

 


Après le repas de midi : se tourner vers la fenêtre, poser ses yeux sur la mer, interroger du regard son tapis de diamants : j'y vais, j'y vais pas ?

 

Plaisir préliminaire : sortir sur la terrasse, se laisser envelopper par le vent, frissonner sous ses caresses ... un bien doux présage.

 

C'est décidé j'y vais ! Enjamber le vélo et se laisser glisser l'esprit libre jusqu'à la cale.

 

Au bord de l'eau et de ses promesses, s'appliquer à gréer, l'attention gentiment détournée par le ballet des équipages déjà sur l'eau ...

 

Et c'est parti pour un après-midi de voile ... immergé dans un autre monde, celui de la mer et du vent ... à voir défiler le long des plages tirées par des avions silencieux des banderoles publicitaires ... à l'envers !



[Pour être exacte, dans ce flot d'émotions agréables il faut intercaler une petite séquence douloureuse : l'habillage où la combinaison un peu trop ajustée joue le rôle du faux ami pour vous rappeler avec sadisme ... que le temps passe !]

lundi, 02 octobre 2006

Multicoques taille XL


Le nouveau trimaran du basque Bidé
en bonne compagnie
(à droite le légendaire Pen Duick)

Depuis le début de l'année 2006 les nouvelles autour des multi-coques géants (aussi appelés G-Class) se succèdent : annonce de la construction d'un nouveau Sodebo; mise à l'eau de Groupama 3; bruits de ponton sur le nouvel IDEC, bruits confirmés officiellement; et encore tout dernièrement Banque Populaire qui lance un projet de maxi trimaran à voile. Des infos qui m'ont inspiré quelques réflexions ...



Des cabinets d'architectes "spécialisés"

Parmi les 4 nouveaux voiliers géants (GP3, IDEC, Sodebo, BP5) les 2 conçus pour le solitaire sont nés sur les planches de Nigel Irens et Benoît Cabaret qui avaient déjà commis le Castorama d'Ellen MacArthur et les 2 conçus pour l'équipage sont eux le fruit de Van Peteghem et Lauriot Prévost, déjà concepteur du Geronimo d'ODK. Bref à chacun sa spécialité : des tri solitaire pour le couple anglo-français, des tri destinés à être menés en équipage pour le célèbre cabinet d'architecture navale VPLP.


Construction : la mondialisation à l'oeuvre !

Par contre, du côté de la construction de ces voiliers géants cuvée 2006 cela part tous azimuts : des chantiers dans tout l'hexagone voir jusqu'aux antipodes (Boat Speed en Australie pour le voilier de Thomas Coville).


Options architecturales ?

Si les 2 tris solos (IDEC et Sodebo) pourraient carrément être des sister-ship (?) avec comme signe distinctif une coque centrale dépassant assez largement des flotteurs latéraux (IDEC : 29,70 mètres de coque centrale contre 24,50 mètres pour les flotteurs); les 2 tri en équipages traduisent eux des philosophies bien différentes. GP3 plus petit et au faible déplacement devrait aller moins vite par gros temps mais pouvoir couper les bulles sans vent au lieu de les contourner comme habituellement. BP5 lui devrait allonger la foulée dans le sud grâce à la plus grande longueur à la flottaison de tous les temps (~ 40 m de long à la flottaison = vitesse + sécurité) mais devrait par contre dessiner un sillage plus classique à la surface des océans : il devra enrouler les anticyclones. Bien sûre seule l'Histoire nous dira qui aura eu raison ...


Quel est le programme ?

Tous ces nouveaux maxi multi-coques géants veulent s'attaquer aux records mythiques (tour du monde, traversée de l'Atlantique Nord, distance en 24h), chacun en équipage (GP3, BP5) ou plutôt en solitaire (IDEC, Sodebo).
Si on peut regretter que ces projets soient toujours franco-français, il y a aura certainement matière à se réjouir à l'horizon 2010, date à laquelle il est probable que cette flotte de géants puisse s'aligner sur la même ligne de départ comme Bruno Peyron le rêve depuis longtemps. La difficulté résidera certainement dans la définition d'un parcours à la dimension de ces géants ultra rapides, en effet comment imaginer susciter l'intérêt du public sur une course trans-atlantique qui durerait pour eux à peine une 1/2 semaine ?


Et pendant ce temps là ... l'ORMA

Malgré l'annonce de leurs projets de maxi multi-coques, Pascal Bidégorry comme Franck Cammas et leurs sponsors crient haut et fort (lien publicitaire !) ne pas vouloir délaisser le circuit des trimarans ORMA de 60 pieds (pour Coville et Joyon le divorce est consommé depuis longtemps car le circuit ne laissait pas assez de place au solo à leur goût). Bien sûr il faudrait qu'un circuit digne de ce nom soit reconduit sur l'année 2007 et on n'en prend pas le chemin.


Grands trimarans : de l'équipage au solo ?

On ne peut qualifier ces nouveaux géants de voiliers "polyvalents", pourtant certains ne s'interdisent pas, de par la conception de leur engin, de passer d'une configuration à l'autre : c'est le cas de GP3 qui pourrait être mené exceptionnellement en solo à l'image de ce que Bruno Peyron a évoqué sur Orange II. Il faudra avoir le coeur bien accroché ! En effet certains skippers appréhendent déjà l'exercice solitaire sur leurs petits frères de 60 pieds ! Ce n'est plus un secret pour personne : la première qualité du marin c'est de savoir gérer les risques qu'il prend, de toute façon, en allant sur l'eau. Mais il y a du chemin à parcourir avant de pouvoir maîtriser ces risques sur des voiliers qui dépassent sensiblement les 30 m...

 

Complément du 4 octobre 2006 : cet article ayant été diffusé sur SportVox vous pouvez l'écouter ou le télécharger au format MP3 (1,2 Mo).

mercredi, 06 septembre 2006

2 plans Farr mis à l'eau


Mise à l'eau d'un beau bébé

Jérémie Beyou vient de mettre à l'eau son nouveau voilier monocoque de 60 pieds Delta Dore. Vincent Riou aussi, mais son tout nouveau PRB a touché l'eau bien plus discrètement (merci au forum Virtual Winds).

 

Programme chargé

Les 2 amis qui cette année ont routé ensemble Banque Populaire (Pascal Bidégorry et Lionel Lemonchois) à la victoire dans la Transat Jacques-Vabre et ont terminé 8ième dans la Transat Ag2r, travaillent chacun de leur côté à leur projet mais sont synchrones (1). Maintenant un programme très chargé les attend : préparation du bateau (matage, tests de retournement ...) et surtout parcours de qualification pour participer à la Route du Rhum sur leurs nouvelles montures respectives pour un départ le 29 octobre 2006 : il leur reste à peine 1 mois et demi ! Délai dans lequel il faut compter la qualification imposée de 1 500 miles (en comparaison la distance à parcourir en course n'est 'que' de 3 510 miles, sur l'orthodromie bien-sûr). Effectuer cette qualification en voilier monocoque de 18,28m représente 5 à 6 jours de navigation.

 


Pour Beyou : fini le rase-cailloux en Figaro
à compter d'aujourd'hui ... place au grand Large

Et le 3ième plan Farr ?

L'architecte naval Américano Néo-Zélandais Farr a encore dans ses cartons le deuxième Virbac-Paprec de Jean-Pierre Dick dont la mise à l'eau est imminente. Mais d'ici là Jean-Pierre (qui a déjà trouvé acquéreur pour son ancien plan Farr en la personne de Bernard Stamm) devrait courir à bord de son fidèle Virbac tour-du-mondiste cette édition 2006 de la Route du Rhum.

 

Histoire de quille ?

Le cabinet Farr semble avoir proposé d'autres mécanismes de quille pendulaire que ceux qui ont fait tant parler d'eux pendant la Volvo Ocean Race. En effet sur ces deux 60 pieds le système de quille est classique : l'axe de quille est pris dans la coque et non "surélevé" (ce qui oblige à utiliser un panneau mobile pour assurer l'étanchéité de la quille en mouvement). En espérant ne plus voir d'avarie de ce type sur la classe IMOCA même si souvent l'histoire se termine bien.

 

(1) il aura fallu 9 mois et 1 jour pour construire le 1ier plan Farr (celui de Jérémie) en Europe ... un beau bébé.