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jeudi, 29 mars 2007

Comment nettoyer les appendices d'un voilier en mer ?

De tous temps les appendices (quilles, safran, dérives, foils ...) des bateaux à voile ont collectionné les algues, sacs plastiques, filets de pêche et autres détritus qui nagent entre 2 eaux (1). C'est un fait ancien qui a tendance à s'amplifier ces dernières années. L'une des raisons est l'allongement des appendices sur les voiliers de course au large, des appendices qui plongent toujours plus profond, fréquemment jusqu'à plus de 4m50 sous l'eau.

 

Comment nettoyer ces (ses ?) appendices

Il existe plusieurs techniques. Revue de détail.

- La méthode la plus efficace est sans nul doute de se jeter à l'eau.

- Il est possible d'employer une autre méthode moins connue du grand public : "la marche arrière" ... à la voile et en course c'est un drôle d'exercice.

- Je viens de découvrir une toute nouvelle méthode, révolutionnaire, pour procéder à ce nettoyage des appendices, nettoyage nécessaire pour conserver la glisse et favoriser les performances. Une méthode qui présente des avantages flagrants par rapport aux 2 précédentes : l'opération de nettoyage peut être réalisée en course toujours en progressant à vive allure vers l’objectif et « presque » sans se mouiller !

 

Regardez la vidéo suivante, on y voit un marin littéralement perché sur une dérive à peine sortie de la coque en train de couper des éléments indésirables, avec en arrière plan le bulbe de quille, basculé au vent, qui défile sous les vagues ... tout simplement impressionnant (de toute façon quand ces marins s'attachent ce n'est jamais neutre) !

 


Il se passe de drôles de choses "hors bord"
des VOR 70 courant dans la Volvo Ocean Race

 

Pour les personnes pressées RDV directement à "1 min 20".

 

___

Note 

(1) il y a aussi parfois des rencontres avec des habitants sous-marins qui se prennent d'amour pour les appendices au point de les étreindre. Souvenez-vous de la mésaventure arrivée à Olivier de Kersauson à bord de Géronimo. Pour ceux qui ont raté l'épisode en voici un récit savoureux.


vendredi, 16 mars 2007

Question / réponse sur le tour du monde à la voile de Maud Fontenoy


Pour Maud l'adversité est aussi à terre

Revenons sur l'arrivée de Maud Fontenoy et à travers un jeu de 3 questions simples, jetons un regard éclairé sur son projet "à contre courant".

 


Maud a t'elle fait le tour du monde ?
Oui et non.

Oui, Maud Fontenoy est parti d'un point du globe et elle y est revenue en faisant toujours cap à l'Ouest, traversant tous les méridiens. Pour le commun des mortels Maud a effectué un tour du monde.

Non, un tour du monde à la voile ne peut être comptabilisé par le WSSRC (World Sailing Speed Record Council) que si il remplit un certain nombre de critères dont 2 ne sont pas satisfaits par le périple de Maud (voir la règle 26.a). Maud n'a en effet pas traversé l'équateur et n'a pas non plus parcourue la distance minimale de 21 600 miles nautiques sur une "route théorique" sans tenir compte des inévitables zigzags quand on navigue contre les vents. Maud a relevé à son "compteur" une distance de 21 300 miles, en comptant les bords (nombreux) et les marches arrières (heureusement plus rares).

 


Maud a t'elle accomplit une performance sportive ?
Non.

Maud vient de passer 151 jours en mer pour aller de la Réunion à la Réunion, là où Jean-Luc Van Den Heede avec le même bateau avait en 2003 réalisé un "vrai" tour du monde contre les vents avec départ et retour à Ouessant en moins de temps (seulement 122 jours 14 heures et 3 minutes). Maud ne s'est jamais présentée comme une professionnelle de la compétition à la voile et ne brigue pas un record, fut-il féminin. Certes son démâtage lui aura valu une petite perte de temps (qu'on peut estimer au plus à 3 semaines) mais sa modeste moyenne est surtout due à un rythme de croisière.

 


Maud a t'elle accompli un exploit ?
Oui.

C'est incontestable et c'est d'ailleurs assez irritant de voir fleurir des commentaires de puristes qui depuis leur clavier avancent des arguments fallacieux (je cite : « elle s'est traînée / elle n'a pas fait un "vrai" tour du monde / elle en fait trop côté communication avec son sponsor l'Oréal », j'ai par exemple entendu dire à certaines langues perfides qui heureusement ne manquent pas d'humour que "Maud effectuait un crash test pour les nouveaux produits de beauté de la gamme"), bref ces extrémistes de la chose maritime ne veulent pas reconnaître à Maud la valeur pourtant réelle de son exploit.

En tous cas en ce qui me concerne, j'applaudis des 2 mains l'aventure de Maud mais aussi la couverture multimédia remarquablement assurée par WindReport qui m'a permis de vibrer tous les jeudis à l'écoute de la vacation hebdomadaire de la miss et de prendre la pleine mesure de ce qu'elle a accompli.

mardi, 13 mars 2007

Maud Fontenoy, retour à terre en vue


Allo Maman ? Bobo !
Maud va arriver esquintée,
mais entière à la Réunion

Maud Fontenoy est sur le point de terminer son périple à contre courant et devrait atteindre l'île de la Réunion au plus tard après-demain jeudi 15 mars 2007 sous gréement de fortune. Tous vos journaux, toutes les radios (françaises) vont abondamment parler de cet "exploit" (1). Liens de Mer vous propose de porter votre regard un peu au delà de la joie des retrouvailles : "un tour du monde et après ?".

 

 

Sur le plan personnel
Hors mis le traumatisme d'être assaillie par la foule et d'expérimenter dans sa chair la violence de notre quotidien de terrien, émotions auxquelles vont se mêler les joies de retrouver ses proches et le (re)confort de la vie moderne (douche, fruits frais ...); Maud va subir les contre coups de ses 5 mois passés en mer :

- Maud a de fortes chances de tomber malade (en mer il n'y a pas d'exposition aux microbes). En plus avec la pression qui retombe, le corps, soumis à rude épreuve, se manifeste plus que jamais

- Maud va conserver un rythme de sommeil perturbé (un rythme pas adapté à la vie à terre avec un réveil toutes les 2 heures, compter 15 jours voire un mois pour revenir à un sommeil normal constitué d'une nuit pour 24 heures)

- Direction l'hôpital, Maud va passer sur le billard pour re-casser son pouce afin qu'il se soude correctement (il s'est ressoudé de travers en mer et cette opération lui permettra de retrouver une mobilité pour ce doigt, mobilité aujourd'hui perdue)

- Repos (trouvera t'elle le temps ?) car moins d'activités physiques c'est le seul remède efficace pour se remettre, enfin, de ses tendinites.

 


Ici commence le "road show"
Maud a pour les mois à venir un programme qui n'a rien à envier à celui d'un candidat en campagne électorale à la présidence de la République Française.

- court terme : de très nombreuses sollicitations médiatiques post arrivée

- moyen terme : en juillet-août, Maud sera à bord de l'Oréal (rapatrié en cargo et remâté) pour un tour de France avec son sponsor. Elle naviguera en équipage de port en port pour donner des conférences et emmener les gens naviguer sur son bateau

- long terme : réaliser un film du projet avec les très nombreuses images prises à bord, écrire un livre, et encore et toujours donner les fameuses conférences - débats - rente comme tout grand aventurier qui se respecte (2) ... Une activité lucrative à destination des entreprises du CAC 40 toujours à l'affût de "grands témoins" pour distiller le rêve et l'aventure à leurs collaborateurs, ou motiver leurs réseaux de distributeurs.



Bienvenue à terre Maud ...


___
Notes
(1) pour les septiques je rappelle que seulement 5 hommes ont réalisé une circumnavigation à la voile à contre-courant (dont le dernier en date n'est autre que Jean-Luc Van Den Heede à bord d'Adrien devenu depuis l'Oréal Paris) ... et 1 seule et unique femme l'anglaise Denise (dite Dee) Caffari. Maud est le 7ième être humain à partir à la voile d'un endroit du globe pour y revenir, contre les vents même si contrairement à certains ou certaine, elle a fait un tour du monde un peu plus court évitant la descente puis la montée dans l'océan Atlantique.

(2) Maud rejoindra ainsi dans les listings des sociétés spécialisées en "intervention de personnalités" les Gérard d'Aboville, les frères Bourgnon, Emmanuel Coindre, Jean-Luc Van Den Heede ou Isabelle Autissier ... pour se limiter au monde maritime.

mercredi, 07 mars 2007

Tof, un carnet de bord du meilleur cru


Dauphins : l'escadrille passe en vrilles
sous l'étrave.

Naviguer à la voile c'est aller à la rencontre
de la mer et de ses habitants.

[Photo perso prise lors d'une longue
glissade sous spi (voir les reflets rouges
dans le balcon), quelque part en mer
entre Antibes et le Cap Corse]

Pour les habitués du carnet de bord de Checkspire, comme pour les nouveaux arrivants ;-) voici le dernier épisode des aventures de Tof ... et croyez-moi c'est une excellente cuvée !

 

Avant les traditionnels extraits, dissipons tout de suite les doutes : "le vieux con" dont il est question en introduction, ce n'est pas moi, ni aucun des lecteurs de Liens de Mer d'ailleurs même si effectivement "on en re-demande". Par contre sur l'eau, ou plutôt au port, on en croise des cons et pas seulement des vieux dans le genre casque à pointe ... Heureusement aux déconvenues succèdent des moments de bonheurs absolus :

"Aussitôt, les dauphins changent de cap et nous rejoignent. Cette fois-ci, c’est un festival, il en vient de tous les côtés. Avec Ado, on hurle chacun sur un bord persuadés qu’il y en a davantage de notre côté, que l’autre n’a pas eu droit à ce saut, à cette vrille. Impossible de les compter, Ado penche pour une quarantaine, moi je dirais qu’ils étaient des centaines de douzaines. En tous cas, on est certains de ne jamais en avoir vu autant jouer avec Chekspire dans les vagues."

 

Aller encore un mot avant de laisser courir la plume de Tof. J'ai comme le sentiment que sur Checkspire la routine guète et que ce livre de bord parmi ses nombreux effets bénéfiques permet de combattre cette chimère qui fait ressembler chaque jour à son précédent. Autre impression à la lecture de cet épisode : ce carnet de bord se bonifie en s'enrichissant de rencontres, d'amour ... comme la vie. Et l'arrivée de la petite famille à bord, même si elle impose un rythme de navigation revu à la baisse, n'est pas étrangère au retour de l'Inspiration.

"Pour nous, retour à la Gomera. C’est curieux comme à chaque fois qu’on est seuls on a mer et vent plus qu’il n’en faut, alors que quand on voyage avec les copains, c’est moteur. Deux heures entre huit et dix nœuds, par le travers, c’est grisant. Jouer à cache cache avec les déferlantes, glisser d’une crête à l’autre, quand le bateau porte juste ce qu’il faut de voile, c’est comme au bal, sans la marquisette. La mer, elle a toujours une nouvelle robe pour t’emmener danser. A peine t’as chopé le pas qu’elle en chausse une autre. En ce qui nous concerne, juste après le coucher de soleil, on s’est retrouvés à longer un peu de caillou jusqu’au port. Notre danseuse portait pour l’occasion une robe très courte : ‘Remous et Ressac’ "

 

Embarquez dans ce carnet de bord, vous y trouverez ces petits tout, ces petits rien qui font le propre de la croisière (grande ou petite). "Un je ne sais quoi" que Tof, cet admirable conteur, résume très bien.


"Une soirée en mer, c’est comme une cuite, sur le coup tu te dis que c’est bien la dernière. Une fois dessaoulés, appuyé au zinc odorant d’un port grinçant, t’as qu’une envie c’est de recommencer."

L'épisode 6, toujours avec son sympatique teaser en haut à droite (tiendrez-vous jusqu'à la prochaine édition ?), est à lire en intégralité ici.

Bonne dégustation.

 

 

vendredi, 02 mars 2007

La mer impose une vigilance de tous les instants


A l'horizon, la mer à perte de vue ?
Une attention de tous les instants !

Les skippers sur le point de gagner des courses à la voile, lorsqu'ils sont interrogés par les journalistes peu de temps avant leur arrivée le répètent à foison "non, rien n'est fait, tout peut arriver tant que la ligne n'est pas franchi".

Les exemples sont effectivement nombreux de "courses gagnées" qui se terminent mal. Le cas le plus célèbre étant certainement le chavirage survenu à Stève Ravussin lors de la Route du Rhum 2002. Après avoir échappé à l'hécatombe, Stève avait une confortable avance sur ses poursuivants mais à une journée de l'arrivée et de la victoire tant promise, le trimaran de Stève avait chaviré emporté par son gennaker.


La fortune de mer de Stève est édifiante "J'avais moins de 15 noeuds de vent, j'étais sous gennaker et un ris, lorsque je suis allé me reposer" ... elle nous rappelle qu'en mer rien n'est jamais gagné d'avance, que la vigilance du marin, fut-il fatigué, ne doit pas retomber avant l'arrivée au port même et surtout lorsque les éléments semblent favorables. L'actualité maritime se charge elle aussi régulièrement de nous rappeler cette cruelle vérité. Voici 3 exemples récents valables dans 3 activités nautiques différentes : voile, kayak, aviron.

 

La médiatique Maud Fontenoy, alors qu'elle venait de passer le dernier des 3 caps de son (petit ?) tour du monde à l'envers, qu'enfin elle retrouvait le soleil tant chéri et que des vents portants s'annonçaient ... patatras Maud prend son mât sur la tête !

Plus cruelle encore est la fin d'Andrew McAuley, un aventurier qui traversait en kayak la mer de Tasmanie (1600 km entre la Nouvelle Zélande et la Tasmanie) et qui au dernier jour de sa traversée d'un mois a vraisemblablement commis l'erreur, devant la clémence des éléments ... de se reposer sans "fermer" son kayak. La kayak a été retrouvé vide. Un court reportage en anglais, illustré d'images poignantes (on y voit le capot qui aurait coûté la vie à Andrew) est visible ici. [via lekayaketlamer.com]

Et je n'oublie pas dans ce tableau la mésaventure survenue à Emmanuel Coindre, grand favori de la course Rames Guyane, large leader depuis le départ, jusqu'au moment où par excès de confiance, il ramait avec les capots de ses cabines ouverts ... une vague plus grosse que les autres le fait chavirer. Le bateau se rempli d'eau et devient impossible à retourner alors que c'est une opération qu'Emmanuel avait réalisé à 17 reprises dans une précédente traversée (le Pacifique Nord à l'aviron en 2005), sur une autre embarcation il est vrai. Emmanuel doit se résoudre à appeler les secours et sera récupéré par un navire de la marine nationale.

 

Voilà des exemples récents, d'aventuriers, de marins expérimentés dans 3 domaines distincts, qui se sont fait surprendre par la mer, relâchant leur attention alors que le port, la ligne d'arrivée, la victoire était juste là en vue ... à portée de main. La mer reste un milieu "contre-nature" pour l'être humain, sur l'eau la vigilance est de mise, c'est un état d'esprit permanent, pour le coup c'est la seconde nature du marin. En mer plus qu'ailleurs prudence est mère de vertu. La pression ne devant retomber qu'une fois amarré au port ... le temps de laisser monter une autre pression cette fois, celle qui est le plus souvent dorée avec des bulles ...

 

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