Liens de Mer : portail maritime

... et dans nos assiettes ?

A lire cet article du Monde qui dresse un tableau assez noir il faut bien le reconnaître :
- d'un côté, les hommes mangent de + en + de poissons (la consommation a triplé en 40 ans)
- de l'autre, un nombre important d'espèces de poissons sauvages sont menacées de disparition (46% des 28 000 espèces de poissons)
- et pour couronner le tout l'élevage est loin d'apparaître comme la solution miracle !

Sans vouloir pêcher/manger des morues de 2 m pour 80 kg comme il y a 100 ans, quelles solutions l'homme trouvera t'il pour préserver la biodiversité et se nourrir ? Car quoi qu'il en soit le poisson, c’est bon ... même pollué !

PS : pour élargir ce propos voir aussi le tableau des espèces menacées publié par le Monde.

Histoire vraie
Hors saison, le long de la grande bleue, je déambulais à l'écoute de la délicate respiration de la mer. Promenade sur les remparts d'Antibes, petit tour sur le port Vauban et sa concentration impressionnante de mega yacht (à voileS comme à moteur), enfin circuit au pied du fort carré et de sa belle étoile : je contemple les montagnes enneigées au dessus de la baie des Anges, enveloppé par les caresses d'un léger zéphyr marin tendrement chaud, né de l'horloge solaire. J' comprend mieux pourquoi la Côte d'Azur a un pouvoir de séduction qui rayonne jusqu'outre-mer, vers les anglo-saxons ... de l'autre côté de la Manche voire même de l'autre côté de l'océan Atlantique !

Je reprend la voiture et me dirige vers Nice et là changement de décors ! Engagé sur la nationale : à droite une étroite plage de galets, à gauche une voie de chemin de fer. Un coup d'oeil à la carte (routière) montre qu'à quelques centaines de mètres serpente l'autoroute, entre les 2 : petits immeubles, villas, hôtel, parc d'attraction ... le moins qu'on puisse dire c'est que cette zone touristique est urbanisée ! Mais la plus grosse surprise est à venir : là à droite barrant l'horizon azuré un Mc Donald's posé sur la plage ! Je n'en reviens pas ! Un cauchemar qui bientôt appartiendra au passé ...

Mardi 14 février 2006,
le tribunal de Nice ordonne la destruction du McDonald’s de Cagnes-sur-Mer. Le fast food, occupant illégalement le «domaine public maritime naturel», a deux mois pour être démantelé. C’est un commerçant qui avait saisi la justice en 1996, lors de la construction du McDonald’s, pourtant autorisée par la municipalité (le Mc Do figure même sur le plan touristique de la ville). 10 ans c'est le temps qu'il aura fallu pour faire respecter la loi, mais c'est aussi 10 ans d'activité qui ont certainement été "très intenses" grâce à une situation exceptionnelle, vous pensez 1 Mc Do avec vu sur la plage et en plus à 2 pas de l'hyppodrome de Cagnes-sur-mer ! Heureusement cette vérue sur le littoral ne sera bientôt plus qu'un mauvais souvenir ... et pas seulement pour moi.

Comme évoqué dans l'article de lundi il n'est pas toujours facile pour les femmes marins de trouver leur place dans le monde des performances à la voile. En équipage la parité est loin d'être respectée, c'est pourquoi, et depuis assez longtemps, de nombreuses femmes marins s'engagent dans des navigations extrêmes souvent solitaires. Poursuivons notre plongée dans la navigation au féminin.

Tours du monde féminin en solitaire
Les femmes marins sont relativement nombreuses à s'être illustrées sur le tour du monde en solitaire, sorte de Graal pour tous les voileux : la navigation extrême par excellence. J'ai compté (voir ici), ils sont 160 à avoir fait un tour du monde par les 3 caps à la voile et en solitaire dont 7 femmes que voici dans l'ordre chronologique de leur boucle :

• Brigitte Oudry (?)
• Isabelle Autissier
• Catherine Chabaud
• Ellen MacArthur (x2)
• Emma Richards
• Anne Liardet
• Karen Leibovici

On remarquera que jusqu'alors la course à la voile du Vendée Globe est le 'fournisseur' quasi-exclusif de ces tours du monde féminins en solitaire.

Aucune femme n'a jamais fait le tour du monde à l'envers contre vents et courants et elles sont 3 à se bousculer au portillon pour être la première à réaliser cet exploit (Dee Caffari est en cours, Maud Fontenoy se prépare pour l'automne 2006 et une autre anglaise monte un projet au sein de l'écurie OC de Mark Turner et Ellen MacArthur) !

Records
D'ailleurs dans ce domaine des records, les femmes marins françaises excellent et elles n'ont pas fini de nous épater car ces marins de la gente féminine fourmillent de projets pour 2006, jugez plutôt :
- Raphaëla Legouvello ou la traversée l’Océan Indien en planche à voile http://www.raphaela-legouvello.com/
- Maud Fontenoy ou le tour du monde (raccourci) contre vents et courants http://www.maudfontenoy.fr/
- Anne Quéméré ou la traversée de l'Atlantique Nord en Kite Surf sans assistance http://www.anne-quemere.com/ [merci à Vince pour sa relecture attentive]

Autres navigations
Pour les autres compétitions à la voile la solution adoptée par mesdames pour être sûres d'avoir une place de choix à bord, a souvent consisté à monter leur propre équipage 100% féminin comme Tracy Edwards à bord de Maiden lors de la Whitbread; ou encore Eminence sur le Tour de France à la Voile 2005.

Naviguer ou fonder une famille : dilemme supplémentaire pour ces dames
Voilà une autre particularité de la femme marin. Pour une femme faire le choix de naviguer ce n'est pas une mince affaire. Et oui comme en témoigne Isabelle Autissier dans un récent Chat, il encore plus délicat pour elles que pour les hommes de concilier navigation et vie de famille. Isabelle n'y va pas par 4 chemins : elle a décidé de ne pas avoir d'enfants ! Elle n'est pas la seule, même si comme le prouve Anne Liardet il est possible de faire une "pause" pendant quelques années pour revenir ensuite sur le devant de la scène une fois les enfants plus grands ... mais son retour aura été de courte durée car elle devrait lâcher la barre de son nouveau Roxy au plus tard après la route du Rhum 2006. Bref la nature rend leur choix, naviguer ou rester à terre ? encore plus cornélien que pour les hommes.

En ce moment même de jeunes femmes de mer comme Ellen MacArthur doivent être en plein dans ces tourments, elle qui a souhaité prendre un peu de recul en allant naviguer en croisière en Géorgie du Sud. Karine Fauconnier aussi doit être tiraillée entre sa volonté de naviguer après l'arrêt de son aventure en multi, faute de sponsor et l'envie de poser un peu son sac à terre.

En tout état de cause ces femmes marins font toujours rêver certains et c'est plutôt flateur pour elles ...

Chapeau Mesdames les navigatrices !

[correction le 14 février 2006 : précision concernant Anne Quéméré qui va traverser l'Atlantique en "Océan Kite" et non en Kite Surf, merci à Vince]

Marin : voilà un nom commun que la langue française ne conjugue pas (encore ?) au féminin pour donner marine. Pourtant des femmes à la barre de projets nautiques, aujourd'hui il y a en quelques-unes. Il est révolu le temps de la marine en bois où les femmes embarquées portaient malheur et étaient qualifiées de "Lest du diable" (comme le chante Tri Yann sur l'album Marines) et où la seule présence féminine bienvenue à bord était la figure de proue. Petit regard sur ces femmes des mers d'aujourd'hui.

Dans le coeur des français Florence Arthaud, qui participe en ce moment à la Seychelles Sailing Cup, a ouvert la voie avec rien moins qu'une victoire dans la Route du Rhum ! Sur ses traces toujours dans le registre course au large on trouve Isabelle Autissier, Catherine Chabaud ou encore Anne Liardet qui a atteint des sommets de popularité lors du Vendée Globe 2004-05, et beaucoup d'autres (Anne Caseneuve, Karen Leibovici, la liste est longue ...) et il y a bien sûr l'incontournable Ellen MacArthur !

La relève est déjà assurée si on regarde du côté de la mini ou encore des stars montantes du Figaro que sont Samantha Davies ou Jeanne Grégoire. Cette présence féminine sur l'eau n'est donc pas un épiphénomène mais bien une tendance qui n'est pas prête de s'éteindre.

Egalité homme / femme
Ces femmes sont unanimes pour dire que les marins ne sont pas macho (les nombreux "couples" de la dernière Transat Jacques Vabres l'ont aussi confirmé) mais il leur faut néanmoins bien reconnaître qu'il n'est pas très facile pour elles de trouver leur place sur les vagues même si elles possèdent des atouts réellement uniques aux yeux de certains sponsors.

Si elles brillent plutôt en course au large et en solo, il n'en est pas de même dans les courses en équipage ! Il leur reste à se faire une place dans l'America's Cup ou encore dans la Volvo Ocean Race (des courses plutôt anglo-saxonnes ... y aurait-il un rapport ?) comme le prouve les récents déboires d'Adrienne Cahalan [la seule femme présente sur la Volvo Ocean Race, a été remplacée à son poste de navigateur à bord de Brasil 1 lors de l'étape de Cap Town - Melbourne, officiellement pour cause de manque de force physique lors des navigations musclées dans le Sud, mais son départ, par un étrange revers de la superstition maritime millénaire a porté la poisse à l'équipe de Brasil 1 qui a été contraint de faire escale pour un problème de structure du pont avant de finalement démâter et d'abandonner l'étape, pendant ce temps Adrienne conduisait le maxi monocoque Alfa Romeo au succès dans la Sydney-Hobart*].

A moins que la solution, à l'image de ce qu'il se pratique aux jeux olympiques, ne soit, pour les compétitions à la voile, de faire courrir hommes et femmes dans 2 catégories distinctes ? Pour dissiper cette légère hypocrisie de l'égalité des chances homme/femme en mer, et devant l'élévation constante du niveau de la compétition j'en suis convaincu ... c'est d'ailleurs déjà partiellement le cas pour les records où les femmes établissent, en plus des records absolus, des records féminins, une manière discrète d'avoir 2 classements : un scratch et un féminin.

La suite de cet article bientôt sur Liens de Mer ... [ça y est c'est ici]

* A l'arrivée de la Sydney-Hobart Neville Crichton le skipper d'Alfa Romeo qui visait la victoire avouait sa déception : "Ils (Wild Oats XI) nous ont surpassés" admet-il sur les pontons. "Nous avons donné le meilleur de nous même. Nous visions la victoire, mais à la fin de la journée nous avons été battu [...] nous avons fait une erreur d'interprétation des prévisions météo. Ils sont restés à terre après Green Point alors que nous partions au large, c'est ce qui a coûté notre victoire" (propos complets disponibles sur Adonnante).