jeudi, 30 juillet 2009
La communication en voile comme ailleurs ... c'est tout un art
Voici une photo de Franck Cammas (en blanc) et Thomas Coville (casaque rouge) courant côte à côte sur les quais de New York city pendant leur stand by(1).
Vous n'avez rien remarqué ?
Cette photo a été prise puis ingénument diffusée par l'équipe de com' de Groupama et pour cause ... elle est "honteusement" à l'avantage de son poulain Franck au détriment de Thomas !
Décryptage de cette image :
- Franck, qui est pourtant beaucoup plus petit, apparaît aussi grand que Thomas
- Franck est souriant et a le visage détendu, au contraire le visage de Thomas est traversé par un rictus !
- Franck a une foulée aérienne, reléguant Thomas et sa puissance à une longueur derrière.
... Au cas où vous en doutiez encore, dans ces écuries nautiques, rien n'est laissé au hasard pas plus à terre dans le domaine de la com' qu'en mer sur leurs machines à battre les records.
Quand à diffuser une photo où seraient présents à la fois Franck Cammas et Pascal Bidegorry ... n'y songez pas, cela aurait prêté le flanc à une comparaison entre les 2 écuries concurrentes alors que parler de l'adversaire c'est tabou dans les plans de com', même lorsqu'on s'élance simultanément pour battre un record (une première mondiale !). Dommage car lancés côte à côte dans un duel de 4 jours sur l'Altantique Nord, la comparaison entre les 2 bateaux à conditions météo presque égales (Groupama est parti 2h30 plus tôt que Banque Pop') il n'y a que ça qui intéresse les passionnés de voile comme nous. Pour autant ne comptez pas sur Groupama et Banque Pop' pour modifier leurs communications : ils continueront de s'ignorer superbement ... l'intérêt des uns (nous) n'est pas celui des autres (les chargés de communication).
PS : en tout cas c'est plus constructif de disserter sur la com' nautique que d'utiliser Liens de Mer pour faire de l'autopromotion (cf les derniers commentaires postés dans la revue de presse).
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Note
(1) les 2 skippers attendaient une fenêtre météo propice à une traversée de l'Atlantique express, l'épreuve reine de la voile océanique : chacun d'eux va tenter d'améliorer son propre record (en équipage pour Franck et en solo pour Thomas).
23:47 Publié dans 1. Regards sur la Mer | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : communication, personnalité
mercredi, 04 février 2009
Bilan du Vendée Globe 2008-2009 / Chez Mer Agitée, y a pas de petits joueurs !
[Excusez ce ton familier inhabituel sur Liens de Mer mais les circonstances le justifient, et c'est un clin d'oeil aux propos de Mich' Desj' lui-même qui lors de sa dernière précédente victoire sur la solitaire du Figaro a qualifié, aussitôt la ligne d'arrivée franchi, ces jeunes concurrents de "branleurs"].
Ce Vendée Globe 2008-2009 est fidèle à la légende de cette course à la voile : EXCEPTIONNEL. Pourquoi ? Ce serait bien trop long à expliquer ... il me faudrait plus de 3 mois ... la durée de la course en fait ;-).
D'ailleurs je n'aurais pas grand chose à vous apprendre car le grand public a pu suivre les nombreux rebondissements de cette course exceptionnelle grâce à une couverture média comme jamais. Les passionnés de mer et de voile bénéficiant en plus de sources d'information intarrisables. On peut citer, à tout seigneur tout honneur, le magnifique site officiel de la course, les nombreux blogs de "pros" parfois enrichis de vidéos exclusives ou encore l'émission de radio / podcast Le Café de la marine. Autant de (multi-) médias "professionnels" qui ont relégué les initiatives individuelles (comme celle de votre serviteur il y a 4 ans) ... à l'âge de pierre.
Mais revenons aux moutons de la Mer Agitée, l'écurie de course au large fondée par Mich' Desj'. Ce que je retiendrais à titre personnel de ce Vendée Globe vient en contre point de cette explosion de l'information voile, c'est un tournant dans l'utilisation de la communication par les skippers depuis le large et par leurs équipes à terre. Car après cette victoire de Mich' Desj' et de son écurie, suivre une course en solitaire à la voile ne sera plus jamais pareil. Nous entrons de plein pied dans une nouvelle dimension de la communication : l'ère « post-Desjoyaux ».
1re ère : l'absence de moyens de communication en mer
Le marin part, navigue sans donner de nouvelles, à l'arrivée (parfois surprise) il raconte (s'il le veut bien) sa course. Exemple : Bernard Moitissier et ses messages expédiés sur le pont des cargos ou encore Eric Tabarly dans une mémorable Transat anglaise (1964).
2de ère : l'exploitation des moyens de communication en mer
Le marin part, depuis le milieu des Océans il partage ses joies et ses peines, tout en courtisant ses futurs partenaires. Tout au plus le skipper omet de raconter certaines avaries. Exemple : Jean-Luc Van Den Heede ou Yves Parlier dans leurs tours du Monde.
3e ère : la communication contrôlée (l'ère post Desjoyaux)
Le marin part pour gagner, la communication est une arme : elle est maîtrisée au même titre que les autres compartiments du jeu. Lors des vacations le skipper distille son lot d'info et d'intox à l'image de ce qui se pratique dans l'(im)pitoyable Coupe de l'America ... et les équipes à terre ne sont pas en reste, elles qui jouent les agents secrets en espionnant les communications des autres concurrents.
Vous connaissez maintenant la cachoterie autour de l'avarie de safran survenue à Mich' Desj' dans les mers du Sud, mais savez-vous ce qu'il se passait à terre au QG de l'agent 007 101 pendant ce Vendée Globe ? Ses équipes passaient au peigne fin (au risque de se tromper parfois) les photos envoyées du bord par les autres concurrents, analysaient les vacations et la Mer Agitée a même été jusqu'à tenter d'influer sur l'option du Landerneau de la voile via Internet !
Pour preuve de ces agissements d'un nouveau type (au moins à cette échelle), voici un extrait de l'Hebdo du Vendée Globe. Pierre-Louis Castelli demande à Jean Paul Roux (DG de Mer Agitée) : "Et vous alors, vous écoutez les vacations ? Vous regardez les photos et les vidéos envoyées par les autres concurrents ?".
La réponse en son : 8 minutes historiques ... et des frissons garantis sur la détermination de cette équipe. Désormais vous êtes prévenus : ne suivez plus jamais une course à la voile béatement !
Téléchargez le fichier MP3 (clic droit / Enregistrer la cible sous...)
22:37 Publié dans 1. Regards sur la Mer | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : vendée globe, communication
samedi, 15 novembre 2008
Vendée Globe écourté : course au large et communication
La course au large est une discipline complète qui intègre des risques mécaniques
Le début de ce Vendée Globe nous rappelle une nouvelle fois que la voile est aussi un "sport mécanique" (1) mais nous sommes loin de l'hécatombe! : trois démâtages sur 30 participants ça représente tout juste 10% de la flotte. C'est extrêmement triste pour les skippers (dans l'ordre des abandons : Kito de Pavant / Yannick Bestaven / Marc Thiercelin), leurs équipes techniques et leurs partenaires (respectivement Groupe Bel / Aquarelle.com / DCNS) mais il n'y pas de quoi en faire un fromage et re-sortir les vieux épouvantails : préparation(s) bâclée(s), voilier(s) à la conception trop légère, classe IMOCA à la dérive, Organisation irresponsable lançant le départ d'un tour du monde de 3 mois dans une mer casse bateau ... Fermer le ban.
Aperçu d'une communication avortée :
L'ex-futur blog d'Alex ... le Vendée Globe comme si vous y êtiez ...
pour effectuez une plongée dans le néant : le "Race Blog" est ici
Par contre ces abandons dès les premières heures de course ne manquent pas de soulever quelques questions pour les partenaires commerciaux de ces bateaux et de leurs malchanceux skippers. Sur une épreuve comme le Vendée Globe : "Comment un sponsor peut-il concilier la part de risque inhérente à ce genre d'aventure avec une visibilité maximale pour sa marque ? En d'autres termes comment garantir, malgré les risques, son investissement ... même lorsque la présence sur l'épreuve du bateau et de son skipper est réduite à sa plus simple expression ?".
Parmi les abandons de la première heure de ce Vendée Globe 2008-2009, il y a un cas exemplaire et selon moi un début de réponse à cette question ... que nous apporte un sacré client en matière d'épreuve écourtée : un personnage nommé Alex Thomson.
Alex le poisseux ... ou une leçon de communication malgré les avaries
Mettons de côté les (nombreuses) frasques d'Alex Thomson dans les courses qui ont précédé ce Vendée Globe 2008. Sur cette édition Alex a tout d'abord été victime d'une collision lors du convoyage vers les Sables d'Olonne. Résultat : gros chantier et incertitude au sujet de sa participation ... A la clef : un suspens qui a tenu en haleine bon nombre d'observateurs. Du coup des 30 coureurs engagés dans ce Vendée Globe, Alex a été celui dont on a le plus parlé dans les semaines avant le départ.
Bilan chiffré :
1 avarie mal bien placée (à contretemps) = 1 bonne exposition média.
Une fois la ligne de départ finalement franchie, Alex a été victime d'une voie d'eau dans le Golfe de Gascogne. Retour au port, grutage du voilier, inspection ... et abandon définitif devant l'ampleur des dégâts. Mais les photos de l'abandon sont particulièrement réussies non seulement grâce au talent des photographes restés aux Sables pour couvrir les (éventuels) retours [mention particulière à Thierry Martinez, photographe indépendant sur ce Vendée Globe et à qui nous devons la photo ci-contre] mais aussi parce que la décoration de coque d'Hugo Boss est particulièrement bien adaptée à ce genre de déboires avec des inscriptions bien placées qui débordent largement sous la ligne de flottaison, pour aller jusque, ce qui est unique, le long de la quille (2) !
Bilan chiffré :
1 avarie + 1 décoration bien pensée = à nouveau 1 bonne exposition média.
Néanmoins une question finale demeure, question sur laquelle je ne doute pas que même les pros de la communication s'entre-déchirent : vaut-il mieux :
1. communiquer en toutes circonstances
2. ou au contraire privilégier la discrétion dans certains cas peu glorieux ?
Personnellement je penche pour la première alternative, quitte à adapter un peu son message en cours de route ...
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Notes
(1) je déteste cette expression de "sport mécanique" (plus encore que ça dure réalité) mais il faut bien se résoudre à l'évidence ... elle est passée dans les usages car cette expression est parlante pour le grand public. Au point d'ailleurs que les coureurs, et plus seulement les journalistes en mal de vulgarisation de cette complexe discipline qu'est la voile, l'emploient eux-mêmes.
(2) habituellement ces décorations, aussi appelées couleurs de coque, couvrent uniquement la coque au dessus de la flottaison, soit la partie visible lorsque le voilier est amarré au ponton. Voir un exemple de décoration des plus classiques, pourtant sur un bateau neuf, celui de Loïck Peyron. Il faut noter que ces dernières années la surface utilisée pour afficher les partenaires sur les bateaux c'est considérablement agrandie et va aujourd'hui des voiles (ou voir aussi l'une de mes casaques préferrées) jusqu'aux safrans !
A l'attention des néophytes :
Le mal, à l'origine mystérieuse, dont souffre la coque en carbone d'Alex s'appelle le délaminage, c'est à dire que la peau en carbone "pèle" : voir les bandes de 5 mètres qui pendouillent spectaculairement comme ici (encore une photo signée Th. Martinez).
15:59 Publié dans Vendée Globe 2008 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : vendée globe, avarie, communication