Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

vendredi, 21 juillet 2006

Bruno Peyron et Orange II : retour sur l'exploit (partie I/II)

cliquez pour agrandir ... [©OPYRIGHT sur le site]
Orange II : une arrivée magique
au Cap Lizard

Rappel
Pour ceux qui l'aurait raté : "Ils l'ont fait ! Bruno Peyron et ses onze hommes d'équipage ont battu le record de la traversée de l'Atlantique Nord à la voile, détenu depuis octobre 2001 par Steve Fossett. Orange II a coupé la ligne d'arrivée au Cap Lizard après 4 jours 8 heures 23 minutes et 54 secondes, soit un gain de 9 heures 4 minutes 12 secondes, à la moyenne de 28,02 noeuds." Lire le résumé complet de la navigation.

 

Petit éclairage personnel sur cet exploit ainsi que sur l'avenir d'Orange II en 2 parties.

 


L'arrivée : un moment magique !
L'arrivée d'Orange II s'est effectuée en début de soirée, à cet instant magique où entre chiens et loups la luminosité décline et où les phares comme celui du Cap Lizard s'allument. Ce phare, même si la ligne est grande, que viennent saluer tous les bateaux qui traversent l'Atlantique Nord en mode record. En effet bien que la ligne imaginaire à franchir soit très large (elle va du Cap Lizard, au sud-ouest de l'Angleterre, à la pointe de la Bretagne !) il est plus favorable de passer au Nord de cette ligne : arriver au pied des falaises raccourcit considérablement la route en provenance de New York ... et c'est beau, très beau même, voir la vidéo intitulée "ORANGE 2 VUE DU CIEL" sur la page multimédia de l'Orange Sailing Team.

 


Une difficultés particulière rencontrée sur ce record : le brouillard
Et oui aussi étonnant que cela puisse paraître en début du mois de juillet pour l'hémisphère Nord, le brouillard a accompagné Orange II sur la grande majorité du parcours. Ce brouillard qui se forme lorsqu'une masse d'air chaude et humide rencontre la surface froide de l'océan. La présence de ces conditions météo a 2 conséquences :
1. c'est pas terrible pour les perf, dixit Bruno Peyron lors d'une vacation : "C'est assez difficile de barrer à des vitesses élevées sans avoir la visibilité". Si il s'agit d'un handicap relativement petit, car les barreurs sont habitués à barrer 'à l'aveugle' en particulier de nuit, ce handicap n'en est pas moins bien réel car l'été les journées sont plus longues et du coup le manque à gagner dû au brouillard est d'autant plus grand ...

2. Mais le vrai problème avec le brouillard : c'est qu'il augmente les risques de collision, l'équipage d'Orange II a croisé un navire marchand et "Entre sa vitesse et la nôtre, on avait une vitesse de rapprochement de 50 nœuds, il a fallu abattre en catastrophe pour l'éviter" ... cela fait froid dans le dos ! Pour donner une idée aux non marins : à cette vitesse et compte tenu de la visibilité à ce moment là, environ 3 miles, l'équipage dispose de 3 minutes entre la première ombre qui se dessine sur l'horizon et l'impact potentiel avec l'autre bateau. Belle règle de 3, non ? Heureusement si le progrès fait rage, le monde reste bien fait : en même temps que les bateaux à voile comme à moteur vont de plus en plus vite, les techniques de détection et de localisation des navires elles aussi évoluent (radar, mer veille, télécommunications, GPS) et permettent de "voir" dans le brouillard et ainsi d'éviter le pire.

lundi, 17 juillet 2006

Voix du Large n'émet plus

cliquez pour agrandir ... [©OPYRIGHT sur le site]
Voix du large : dernière chronique !

 

L'émission dominicale de Pierre-Louis Castelli sur France Inter n'est plus diffusée. Normal me direz-vous c'est le passage à la grille des programmes d'été ! Et bien non, il n'y aura pas de retour de l'émission Voix du Large à la rentrée pour une raison toute simple : Pierre-Louis a décidé de se rapprocher de ses racines et d'émigrer vers le sud; c'est tout naturel, son nom comme son accent trahissaient qu'il avait des origines méditerranéennes. Cette décision avait été annoncée au mois de mars et Pierre-Louis a continué courageusement jusqu'à la fin de la saison mais cette fois-ci c'est vraiment terminé et Pierre-Louis nous laisse orphelins !

 

Orphelins ?
Et bien oui, le mot n'est pas trop fort car voilà où je voulais en venir. Je trouve symptomatique le fait qu'il n'y ai aucune émission nautique digne de ce nom dans les médias dit "généralistes". La France possède un littoral parmi les plus longs des pays européens, est le premier constructeur de voiliers au monde, possède les meilleurs marins en solitaire et quelques pointures en équipage (voir leS derniers records de Bruno Peyron sur l'Atlantique Nord !) pourtant il n'existe aucune émission radio (Voix du Large était l'exception qui confirmait la règle) ni télé (Thalassa a abandonné le créneau de l'actualité nautique depuis longtemps pour se consacrer au thème exclusif du voyage) traitant sur la durée de l'actualité nautique. Hors mis les médias spécialisés (comme la presse nautique et son inévitable délai d'impression ...) ou peut-être les chaînes payantes (je ne peux pas me prononcer je ne suis abonné à aucune) le grand public n'a pas de source d'information nautique régulière avec un vrai travail de journaliste (et ne me parlez pas des sites Web qui font dans l'auto suffisance avec des slogans du type "1ier quotidien de la voile sur Internet" comme Course Au Large ou Adonnante : je parle bien de "journalisme" pas de diffusion de communiqués de presse rédigés par les écuries et retranscrites "in extenso" ... ce n'est pas très original, et des 'particuliers' le font déjà très bien, voir Littoral-Ouest ou Sailing-News.ch !). En cela la fin de Voix du large est vraiment révélatrice : une radio de service public faisait une émission hebdomadaire mais à l'occasion du départ de son animateur, cette émission se révèle être une simple initiative personnelle ... comme l'est ce blog !

 

Bref les médias français (La France ?) en dehors des coups de coeur comme le Vendée Globe n'a aucune ambition d'information maritime et c'est bien dommage ... du coup l'émission de Pierre-Louis Castelli va terriblement me (nous ?) manquer !

mardi, 11 juillet 2006

Les marins ? Pas toujours à l'aise dans l'eau

cliquez pour agrandir ... [©OPYRIGHT sur le site]
Aimer l'eau n'est pas une obligation
pour être un bon marin mais ça peut aider.
Ici des baigneurs s'entraînent au large
des Yachts Club de Plymouth

Maud Fontenoy (qui s’élancera de la Réunion, en solitaire et sans assistance, à la barre du voilier L’Oréal, ex Adrien de VDH, pour un tour du monde à l’envers contre vents et courants à l'automne prochain) s'initie à la plongée sous-marine avec la Marine nationale. Lire (un article de l'excellent site Mer et Marine qui annonce aujourd'hui une pause estivale jusqu'en septembre).


Raphaëla le Gouvello, pour préparer sa récente traversée de l'océan Indien entre le port d'Exmouth, en Australie, et l'île de La Réunion n'avait pas hésité à plonger avec des requins dans un aquarium de Nausicaa, à Boulogne-sur-Mer, pour "lever les barrières psychologiques". Lire .


Alain Thébault, le pilote de l'Hydroptère dont les ailes vont pouvoir à nouveau se déployer grâce au soutien de partenaires suisses, a avoué lors d'une interview accordée dans le cadre du Bol d'or 2006 "avoir peur de l'eau et ne pas savoir nager" ! ... mais il apprend à mettre la tête sous l'eau à cause de "ses filles".


Bref pour un marin être SUR l'eau c'est naturel, être DANS l'eau ça l'est moins et certains le travaille en plus des classiques stages de survie comme celui-ci animé par le skipper Thierry Dubois (qui trouve ainsi quelques menus revenus pour construire la goélette de ses rêves).

jeudi, 15 juin 2006

Fin des catamarans géants ? Vive les trimarans !

cliquez pour agrandir ... [©OPYRIGHT sur le site]
Groupama 3 : un voilier géant ...
à trois pattes

Dans la catégorie grands voiliers de course au large, depuis plusieurs décennies les multicoques sont rois, à quelques rares exceptions prêts, comme le monocoque Mari-Cha IV mais c'est déjà presque ancien (août 2003 !). Ces bateaux à plusieurs pattes sont le nec plus ultra pour s'élancer sur des records et réaliser des performances à couper le souffle que ce soit autour du monde ou sur la traversée de l'Atlantique, que ce soit en équipage ou en solitaire !

 

Cata ou tri ? Le débat est ouvert

Le choix est cornélien entre la construction d'un catamaran géant (2 coques) ou la construction d'un trimaran géant (3 coques), mais il semble bien que ces derniers aient pris un léger avantage. En effet il y a quelques temps sur The Race (*1) ou plus récemment sur la houleuse Oryx Quest (*2), le plateau était quasi exclusivement constitué de catamarans ... Aujourd'hui la tendance semble franchement s'inverser car tous les nouveaux bateaux naissent avec trois pattes.

 

Le dernier catamaran G-Class mis à l'eau est Orange II (culture Bruno Peyron oblige !) mais depuis ce 22 décembre 2003 tous les projets sortis des cartons sont des trimarans : l'IDEC de Joyon ou le Sodebo de Coville pour des programmes de records solo; le GroupamaX - Groupama 3 - de Cammas ou le futur géant Banque Populaire de Bidégorry pour des programmes de records en équipage.

 

Tout les marins semblent donc se rallier au credo d'Olivier de Kersauson fervent défenseur de l'option trimaran (Olivier parle d'ailleurs de donner naissance à un Geronimo II), les trimarans bénéficiant, ce qui n'est pas négligeable, de l'expérience accumulée sur le championnat ORMA depuis de nombreuses années.

 

 

Mais me direz-vous quelle est la différence fondamentale entre catamaran et trimaran ?

- Tout d'abord pour un programme solitaire (comme le précise Francis Joyon (propos extraits de son livre et cités ici en fin d'article) un trimaran est beaucoup plus sûr avec sa coque centrale qui évite les dangereuses "traversées du trampoline" pour un homme ou une femme seul(e).
- Pour un programme en équipage tout se complique car le catamaran est plus performant dans la brise, quand au trimaran il est plus polyvalent. En quelque sorte un trimaran est plus homogène, en un mot plus marin : moins performant à certaines allures mais capable théoriquement de s'extirper plus facilement des conditions légères.

 

 

Trimarans ? Victoire sur toute la ligne ... ou presque

- Il semble donc que l'option trimaran soit définitivement adoptée pour les records no limit en solitaire et que personne ne reviendra sur ce choix.
- Quant aux records en équipage les programmes trimarans ont pris le dessus, il leur restera à confirmer en particulier dans le sud avec leurs foils (pari osé pour la première fois par l'équipage de Cammas), réponse vraisemblablement fin 2007.
- En tout état de cause il semble bien que les catamarans demeureront les rois du sprint : le court (?!) record de l'Atlantique Nord ou celui de la distance maxi parcourue en 24h semblent définitivement acquis aux catamarans géants (on pourrait d'ailleurs presque retirer le S car le dernier survivant de cette race de G-Class à 2 coques est bel et bien Orange II qui s'apprête à ravir à Cheyenne le record de l'Atlantique Nord).

 

 


(*1) les participants à The Race (départ le 31 décembre 2000)
Team Adventure - Cam Lewis - catamaran
PlayStation - Steve Fossett - catamaran
Club Med - Grant Dalton - catamaran
Innovation Explorer - Loïck Peyron - catamaran
Team Legato - Tony Bullimore - catamaran
Warta-Polpharma - Roman Paszke - catamaran

(*2) les participants à l'Oryx Quest (départ février 2005)
Geronimo - Olivier de Kersauson - trimaran
Daedalus - Tony Bullimore - catamaran
Qatar 2006 - Brian Thompson - catamaran
Cheyenne - David Scully - catamaran

vendredi, 02 juin 2006

Disparition d'un ligneur, les dessous maritimes

cliquez pour agrandir ... [©OPYRIGHT sur le site]
Un ligneur de la pointe de Bretagne
dans ses oeuvres

Rappel des faits
Le ligneur-fileyeur Liberté a fait naufrage dans la matinée du vendredi 26 mai 2006 avec à bord Edouard Michelin (patron du groupe Michelin) et Guillaume Normant (président du comité local des pêches d'Audierne). Le corps de l'industriel a été retrouvé dans l'après-midi le jour même, celui du patron pêcheur reste introuvable. L'épave a été repérée le dimanche matin à 15km à l'ouest de l'île de Sein par une profondeur de 70m.

 

Je vous propose de porter un regard maritime sur l'évènement à travers quelques interrogations et remarques.

 

Comment à t'on pu retrouver aussi vite un corps et pas l'autre ?

Edouard Michelin a été retrouvé car pour cette sortie en mer il était équipé d'un vêtement flottant ce qui n'était semble t'il pas le cas du patron du Liberté.
Par ailleurs si le corps de M. Michelin a été retrouvé si vite c'est parce que l'alerte a été donnée très tôt : les ligneurs sortent pour 12h maximum (le temps d'une marée), les recherches ont pu être lancées dès 14h, heure prévue du retour. Enfin le hasard a permis une localisation rapide : le corps de M. Michelin dérivait entourés de débris flottants à la surface (caisses à poissons ...); ce qui a facilité le repérage malgré les forts courants qui agitent la zone (son corps a été repêché à environ 9 kilomètres au nord de la chaussée de Sein, lieu du naufrage).

Quelques enseignements à tirer de cette tragédie. Lorsque vous partez en mer pensez à vos proches : portez un dispositif flottant et prévenez-les de votre programme.

 

Comment ce fait-il que l'épave ait été localisée aussi rapidement ?

Alors que le ligneur n'a pas lancé d'appel de détresse et n'avait donc pas communiqué sa position au moment du naufrage. Explication : la solidarité des gens de mer a joué :
- un autre patron-pêcheur a indiqué la zone de pêche fréquentée par le Liberté, information sur laquelle les pêcheurs restent habituellement assez discrets
- par ailleurs les yeux aguerris des pêcheurs fréquentant la zone avaient remarqués une légère irisation à la surface de la mer, témoignant de la présence de carburant. Une observation qui prouve la bonne connaissance de l'océan que possèdent ces marins capables de déceler d'infimes signes au milieu du clapot voire des vagues qui troublent la mer en ces endroits peu recommandables de nos côtes
- enfin la proximité de la royale à Brest a certainement joué : pas de perte de temps pour se rendre sur les lieux du drame et certainement une bonne connaissance des fonds dans les parages (périmètre d'exercices ?).


Compléments d'information

Une trentaine de pêcheurs basés à Audierne pratiquent la pêche à la traîne dans le Raz ou la chaussée de Sein, à peu prêt autant pêchent autour de Molène (Mol Enez = l'île chauve) et Ouessant (étymologie plus discutée).
Il y a peu plus d'un an (en janvier 2005 pour être exact), un naufrage comparable était survenu et avait fait un disparu ... Si cette pêche extrêmement dangereuse a fait la une de nos journaux nationaux, on le doit à la disparition d'un homme célèbre.


Description complémentaire du bateau Liberté.